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Commentaire de pan0ramix

sur Qui veut perdre des Fillon(s) ?


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pan0ramix 2 février 2017 16:09

Ce climat médiatique donne la nausée. On ne peut naturellement pas cautionner l’usage d’emplois fictifs (s’ils sont confirmés comme tels) mais la question qui se pose n’est pas celle-là aujourd’hui : si la justice doit condamner, elle le fera, en temps et en heure. Non, la question urgente aujourd’hui est la suivante : comment en est-on arrivé à une situation où le pouvoir absolu appartient aux médias qui peuvent faire ou défaire une élection à leur guise. La justice enquête ? TF1 condamne. La justice étudie des dossiers ? France2 a déjà conclu. La justice se pose des questions ? RTL affirme. C’est le canard qui a ouvert le feu, mais tous ont suivi. Chaque journal, chaîne de télévision ou de radio, politiquement orienté ou non, s’est engagé sans aucune retenue dans ce qui est depuis quelques jours l’unique et impérative mission de tout défenseur du « bon droit », et de la « morale » : abattre Fillon. Mais l’abattre vite. Tout de suite. Ne pas laisser à l’opinion le temps de reprendre son souffle, surtout pas. Si on attend ne serait-ce que quelques semaines, les « gens » pourraient se remettre à penser par eux-mêmes, et comme on le sait dans le milieu médiatique : les « gens » sont bien trop limités pour penser, ou en tous cas pour penser comme il faut. Il faut les guider. C’est la grande mission des médias et aujourd’hui elle passe par là : abattre Fillon. Il faut qu’il perde l’élection, si possible dès le premier tour. Publions un sondage dans ce sens. Oui, mais le premier tour est encore loin, et parfois les « gens » deviennent indisciplinés : ils pourraient (encore) faire mentir les sondages. Qu’à cela ne tienne, ne prenons pas le risque : il doit retirer sa candidature. Cette semaine. Demain. Aujourd’hui. IMMEDIATEMENT ! Après il sera trop tard. Trop tard pour quoi ? La date limite de dépôt des candidatures est fixée au 17 mars, cela ne laisse-t-il pas un peu de temps ? NON ! Chaque minute compte (vous comprenez, si on attend, les « gens » pourraient...). Bon. C’est décidé. Le comité politique Les Républicains vient de se réunir, et a réaffirmé son soutien au candidat. Mais de quoi ce comité se mêle-t-il ? Le Comité Médiatique lui, sans même avoir eu besoin de se réunir, est tombé d’accord : il part. Ainsi, quelques heures à peine après ce soutien affiché par le comité LR, une grande radio titrait, en substance : « pour LR la question n’est plus de savoir s’il faut remplacer François Fillon, mais quand et par qui ? » Voilà. Messieurs les politiques ne vous réunissez plus inutilement : le Comité Médiatique vous fera connaître sa décision. Messieurs les juges, ne vous fatiguez surtout pas trop à enquêter : le Comité s’en occupe également. Circulez, la messe est dite et il n’y a plus rien à voir. Alors, pourquoi ? Pourquoi un tel acharnement, un tel déferlement ? L’orientation de l’opinion se fait habituellement plus discrètement, plus progressivement, plus subtilement. Pourquoi avoir subitement déclenché cette machine de guerre contre un homme ? Sans doute parce qu’il est différent. Peut-être pas différent des autres en ce qui concerne les « affaires » me direz-vous. Apparemment pas, encore que cela reste à prouver. Mais différent il l’est assurément dans son discours, dans son programme, dans une certaine idée qu’il a de la France, et qu’il se propose de faire partager au plus grand nombre. Des idées et des valeurs en total décalage avec le politiquement correct dont on abreuve les masses depuis trente ans. Le Comité n’apprécie pas trop ce genre d’individus. Il les maintient habituellement à l’écart, et veille à ce que leurs voix soient inaudibles. Ca a toujours fonctionné jusqu’ici. Oui, mais il y a eu un raté : lors d’une élection primaire, près de 3 millions d’électeurs ont manifesté leur soutien à l’un de ces mauvais élèves. Ils n’ont rien écouté. On leur avait pourtant, comme toujours, soigneusement expliqué pour qui voter. Ils n’ont rien compris. Un individu qui n’avait pas prêté allégeance au Comité se retrouvait candidat à la présidentielle. Pire : il était favori. Le Comité se devait d’agir rapidement : si les méthodes habituelles ne fonctionnent pas sur lui, on sortira l’artillerie lourde. Fini les sondages orientés, les articles biaisés, et autres armes de petits calibres. On n’a plus le temps pour ça. On attendra le moment opportun pour déclencher un tir nourri qui ne s’arrêtera que lorsque l’ennemi sera définitivement à terre. Ce n’est qu’à ce prix que le Comité pourra, encore une fois, sauver le bon peuple malgré lui. Le trouble-fête étant éliminé, nous pouvons revenir à l’élection. Le Comité est très soucieux que vive la démocratie. Les électeurs sont souverains, et ils feront leur choix. En toute indépendance, chacun ira voter selon son âme et conscience, et Emmanuel Macron battra Marine Le Pen au second tour. La Justice et la Morale seront sauves. Le Comité aura fait son devoir. Peut-être. Ou peut-être qu’il y aura un nouveau raté. Si le 8 mai au matin, la France se réveille avec le Front National au pouvoir, les médias en seront les seuls responsables. Mais naturellement, ils n’auront pas voulu ça.


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