mais [la castration symbolique] peut sembler irréversible, tant elle imprègne nos croyances,
nos habitudes, nos émotions, notre système nerveux. Pourtant, notre
psychisme et notre organisme peuvent, au moins dans une certaine mesure,
guérir de cette blessure.
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Ce qui paraît imprégner « nos croyances, nos habitudes, nos émotions, notre système nerveux », en l’occurrence, ce serait plutôt une fable psychanalytique pré-scientifique, surgie des conceptions très naïvement positivistes de la fin du XIXe siècle, et qui semble perdurer encore dans certaines sectes arriérées en dépit de tous les réfutations accumulées depuis les années 30 par Karl Popper et tant d’autres.
Réduire la complexité des choses humaines, laquelle ne se laisse pas enfermer dans des systèmes d’équations comme celle du monde physique, à des rivalités et à des combats entre des représentations allégoriques, c’est bien tentant pour les plus fumeux des littéraires, et c’est ce qu’ils auront fait depuis les Grecs. Encore ces derniers ne confondaient-ils pas le monde de la poésie et des mythes et celui de la science rationnelle : la Théogonie d’Hésiode n’empêcha pas Eratosthène de calculer avec une excellente précision de la rayon de la terre !
L’Oedipe, la castration, l’inconscient, le refoulement et le transfert, toute la quincaillerie de cette mythologie de bazar qui prétendait encore naguère à la scientificité, cela nous paraît désormais à peu près aussi pertinent pour comprendre quelque chose au monde actuel que les turpitudes de Zeus en son Olympe ou les travaux d’Hercule.