@Imhotep
Je souscris à votre indignation des propos de l’inculte et communiquant Macron, mais il y a un point connexe qui me chiffonne dans votre argumentaire lorsque vous dites :
« En effet dès sa conception elles sont contradictoires car leur titre n’est qu’un oxymore sachant il y a liés et séparés d’un seul espace islamique et universelle. Islamique exclut tout autre mode de pensée et ne peut être universelle. Le second point est qu’au début de ces déclarations il est dit qu’Allah est maître et origine de toutes choses et à la fin que tous les articles sont valables à l’unique condition de se référer à la Loi Divine, la Charia. Ces textes ont été signés par 35 pays parmi les 57 (58) se récamant des pays islamiques, donc des théocraties, et n’ont d’autre valeur quedde présenter une image en miroir de celle de la véritable déclaration universelle (elle) des droits de l’homme. »
La prétendue universalité de la déclaration des droits de l’homme - que certains de ses opposants se plaisent à qualifier non sans raison valable de déclaration des droits de l’homme « blanc » - n’est pas moins illusoire et vaine que celle formulée par la ligue islamique mondiale. Je m’explique.
Remarquons avant toute chose (et vous le rappelez vous-même) que d’autres systèmes de pensée à travers le monde développent aussi leur propre idée d’universalisme et se l’approprient, un autre universalisme manifestement.
Ce qui est auto-contradictoire dans la juste compréhension de la notion même d’universalisme, puisque devant s’imposer nécessairement non seulement à toutes et tous, mais de tout temps et en tous lieux. En réalité et très logiquement, le simple fait que plusieurs systèmes de pensée et systèmes de valeurs revendiquent pour eux-même - et pour d’autres par leur vocation même - leur propre universalisme aux prétentions contradictoires voire antagonistes, tend à discréditer durablement sinon définitivement l’idée que l’universalisme soit un concept opérant et valide. Philosophiquement d’abord, politiquement et géopolitiquement ensuite.
Cette réflexion est le point cardinal en mesure d’affecter en profondeur le corpus idéologique des universalistes de toute obédience, en particulier de ceux qui m’intéressent, les universalistes républicains, par la contradiction fondamentale soulevée, et par principe ils ne pourront y répondre sauf à se fourvoyer.
Car j’entends au lointain une objection qui consisterait à dire qu’un universalisme serait plus valable qu’un autre, et qu’il aurait par conséquent plus de légitimation à s’imposer. Outre qu’il ne répond en rien au paradoxe d’une logique formelle qu’il vient d’être soulevé et qui a tous les jours des répercussions concrètes dans le monde géopolitique réel, cette pétition de principe vire à la gageure dans la mesure où elle n’est absolument pas en capacité de convaincre ceux auxquels elle est destinée, qui bien souvent ont fait profession de foi (typiquement les musulmans, mais pas moins d’ailleurs que ceux acquis à l’universalisme républicain).
Mon avis est que l’universalisme fut-il laïque, de ce point de vue, se révèle en réalité le faux-nez de la notion d’Absolu transcendantal issus des monothéismes abrahamiques. L’ironie est cruelle pour nos laïcistes : chassez le religieux par la porte il reviendra par la fenêtre. En cela, le laïcisme universaliste qui infuse toute les strates du discours républicaniste achève de démontrer que ce postulat est, au même titre que ces derniers, une véritable religion dans sa conception même.
Tout cela m’amène à dire : 1/ que la Raison, le Logos, n’est pas du côté que l’on croit 2/ qu’un juste relativisme moral est infiniment plus performant pour assurer une coexistence pacifique entre les civilisations et groupes sociaux constitués.
Relativisme fonction d’un paramètre essentiel : l’idée que les systèmes de pensée et les cultures au sens large s’ancrent dans un espace géographique particulier (fondement de toute géopolitique quelle qu’elle soit), ce qui redonne tout son sens et ses lettres de noblesse à cet autre concept fustigé, là aussi et très logiquement, par les idéologues et autres apologètes de l’universalisme : l’idée même de Frontière.