Il existe des injustices, des policiers qui truquent des preuves, des procureurs et des juges corrompus Qui pourrait le nier.
Il y a eu des affaires graves dans lesquelles l’institution judiciaire s’est fourvoyée et obstinée. Rappelons nous le juge Renard qui a sévi des années dans le sud de la France.
Tout le monde se souvient comme les juges ont été instrumentalisés par Chirac, les procureurs aux services du pouvoir sous Sarkozy ou la sordide affaire Kerviel qui a, dans un premier temps, clairement choisi son camp contre les évidences.
Puisqu’il existe des injustices, il est sain que les victimes de ces injustices puissent en appeler au peuple. Que l’opinion public s’émeuve, que l’ordre public soit menacé, suffit souvent à provoquer une saine réaction du pouvoir et de l’institution judiciaire. Là encore, l’affaire Kerviel en est l’exemple.
Mais combien de victimes ont été broyées par la machine judiciaire sans parvenir à se faire entendre ? Trop sans doute.
Fillon est-il victime d’une injustice ? D’après les interviews que sa femme a donné, non. D’ailleurs, il ne nie pas avoir détourné l’argent public, il nie que cela soit un délit.
Le problème de Fillon est qu’il est persuadé que le complot contre lui est plus grave que les actes délictueux qui lui sont reprochés. Il fait partie de cette génération d’hommes politiques qui trouvent normal de profiter et d’abuser de leur pouvoir. D’ailleurs sa défense tient en quelques mots : « Tout le monde le faisait. » Alors de son point de vue d’enfant gâté, lui à qui le pouvoir était promis, enfin, tout cela est trop injuste.
A t-il raison de faire appel au peuple ? Certainement, s’il se savait innocent. Mais comme ce n’est pas le cas, son appel est d’une autre nature. Il sait qu’il n’a plus rien à perdre même l’honneur. Il veut passer en force, jouer le tout pour le tout en opposant le suffrage universel, la volonté du Peuple aux juges.
Il oublie que les juges agissent au nom du Peuple et que les hommes politiques ne sont pas au-dessus des lois quoiqu’il en pense.
S’il s’est persuadé qu’il avait une chance, même minime de gagner, c’est qu’il a perdu le sens de la réalité.
On l’a échappé belle, non ?