• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de argoul

sur Les enchères inversées d'offres d'emploi arrivent en France


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

argoul (---.---.18.97) 18 novembre 2005 10:54

Je crains que le travail n’ait aucune « valeur » métaphysique, la conception de Marx, qui venait de Ricardo, je crois, est bien dépassée, quasi biblique même. Mais le travail n’est pas une matière première (que je préfère à l’anglicisme fort obscur que vous utilisez) parce qu’elle concerne des êtres humains. Il peut donc y avoir une « politique » du travail qui se superpose aux relations techniques, « économiques » du marché. Cette politique ne passe pas par un « droit réel » qui consisterait à obliger chacun à travailler dans une case économico-sociale réservée (fantasme soviétique) mais un « droit potentiel » qui permet à chacun d’exercer un travail sans barrières inutiles ou illégales (discriminations diverses, interdits de caste, etc.) Le travail aux enchères est un scandale émotionnel pour les arc boutés sur les Zacquis de l’Etat-Providence. Ce dernier montrant sa faillite chaque jour un peu plus (après la vache folle et le sang contaminé, le Mammouth, la Sécurité Sociale, la canicule, aujourd’hui les banlieues), il nous faut d’urgence penser autrement. Pourquoi pas les enchères - illustration du marché s’il était pur et parfait (ce dont je doute) - si ces enchères prouvent qu’elles sont ineptes ? Il faut bien tenter l’expérience avant de « savoir ». Mais je ne crois nullement que des travailleurs français iront au boulot pour 1 euro par jour, comme le dit la caricature (trop facile). Nous sommes dans un pays où tout coûte une certaine somme pour simplement vivre, nous ne sommes pas en Inde ni en Chine, ni même en Bulgarie. Logiquement, la fourchette de salaires devrait ne pas aller trop bas. Si cela fonctionne comme un marché aux poissons, la qualité se paie toujours, vous savez. Des salaires sous les fourchettes admises par le reste du marché, cela signife deux choses : soit un premier emploi qui veut se placer - il ne restera pas longtemps une fois sa première expérience acquise -, soit un mauvais travailleur pas fait pour ce métier - auquel cas le patron s’apercevra bien vite de sa faible productivité. Si l’on veut entrer dans cette logique d’efficience économique, il faut aller jusqu’au bout du raisonnement. Le drame français est que l’on garde des cadres d’hier pour tester les expériences d’aujourd’hui : il y a une faille logique que notre cartésianisme ne devrait pas accepter, s’il n’était pollué de fantasmes, de slogans, de yakas révolutionnaires, comme s’il suffisait de brandir des pancartes pour que le soleil se lève. Regardez bien : même aux Etats-Unis, ce genre d’enchères n’a guère pris... Mais si on laisse l’économie régir la société, on sort du « politique » pour entrer dans le seul « technique ». Croyez-vous que ce soit cela que l’on attende des hommes politiques ? Le gouvernement des hommes l’emporte sur la gestion des choses, et les humains ne sont pas des matières. L’économie politique le sait qui considère l’expérience et l’énergie humaine comme un « capital » (donc précieux, à entretenir) et non pas comme une viande interchangeable comme dans le porno. La formation, l’aide à l’emploi, les incitations fiscales, les zones franches, les investissements publics, la recherche, sont des éléments de politique économique. La protection sociale aussi, comme les lois qui régissent le travail (pas de travail des enfants, heures de nuit, etc.) L’Etat définit un cadre légal pour le travail. Une fois cela posé, le marché s’en accomode. Alors, les enchères, pourquoi pas ? Il faut sortir de cette conception biblique du travail comme « sanctifié » pour en faire une relation humaine comme une autre (mais je dis bien « humaine » !) Vous verrez que cela n’ira pas loin.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès