A partir de 1948, les services secrets américains avaient créé une association : l’ACUE. Cela signifiait « American Committee on United Europe », c’est-à-dire « Comité américain pour l’Europe Unie. »
De 1948 à 1960, ce comité a donné des centaines de milliers de dollars aux associations et aux mouvements qui militaient pour la construction européenne :
- le Mouvement européen,
- l’Union des fédéralistes européens.
Autrement dit : à partir de 1948, les services secrets américains ont financé les mouvements favorables à la construction européenne.
- Selon Wikipedia, les personnages-clés du Mouvement européen étaient :
Paul-Henri Spaak
Robert
Schuman
Walter Hallstein
Jean Rey
Gaston Thorn
Valéry
Giscard d’Estaing
Aujourd’hui, le président du Mouvement européen est Jo Leinen. Un de ses vice-présidents est Jean-Marie Cavada.
- Quant à l’Union des fédéralistes européens, ses dirigeants étaient Alexandre Marc, Denis de Rougemont, Altiero Spinelli, Henri Frenay.
Dans le livre « Circus Politicus », un chapitre s’intitule : « Nos chers amis de la CIA. »
Je recopie :
À quelques pas de la tour Hoover, sorte de minaret central d’une centaine de mètres de haut, la Hoover Institution détient dans ses archives sept boîtes intitulées ACUE Collection, un échantillon de l’histoire secrète de l’Europe politique. Fondé en 1948, l’American Committee on United Europe était une organisation privée qui finança des mouvements fédéralistes européens bien avant les traités de Rome. L’ACUE n’avait pas pour seule obsession le décollage économique de l’Europe après la Seconde Guerre mondiale, son objet était également politique : faire barrage à la pression communiste sur l’ouest de l’Europe. Ce cénacle était d’ailleurs clairement une émanation des services secrets américains.
Son président, William J. Donovan, avait dirigé à partir de 1942 l’Office of Strategic Services (OSS), une agence qui disposait de près de 35 000 agents. Inspirateur de la CIA, il est considéré comme « le père de l’Intelligence Service américain ».
Le vice-président de l’ACUE ? Allen Dulles, qui avait dirigé le bureau de l’OSS à Berlin, avant de prendre en 1953 la direction de la Central Intelligence Agency pour plus de huit ans.
Quel était le but exact de cette organisation ? Dans l’une des sept boîtes de l’ACUE Collection des archives de Stanford, une déclaration d’intention non datée, mais dont des recoupements permettent d’établir qu’elle remonte à 1950, établit clairement, quoique parfois de manière allusive, les objectifs et les moyens d’action : « L’American Committee on United Europe a été fondé par un groupe de citoyens américains privés qui considèrent qu’un soutien organisé mais officieux du peuple des Etats-Unis envers l’idéal de l’unité européenne pourrait se révéler un facteur déterminant de la direction que prendra l’Europe dans la seconde moitié du XXe siècle. »
Ce projet est clairement politique. Cinq ans avant les traités de Rome, la déclaration d’intention signée par Donovan, Dulles et les autres énonce un triple projet.
D’un point de vue politique : « création d’un parlement représentant les Etats démocratiques et les peuples de l’Europe libre, avec des pouvoirs effectifs de législation » ;
sur le plan économique : « abolition des quotas douaniers intra-européens et du contrôle des changes » ;
enfin, socialement : « garantie uniforme des droits de l’homme et création d’une Cour européenne pour les faire respecter ».
Il y a plus de soixante ans, l’Europe d ’aujourd’hui ...
Au-delà du soutien moral, le comité « accorde un soutien financier absolument nécessaire à des structures travaillant pour l’unité de l’Europe ». A la lecture de ces documents, il apparaît noir sur blanc que cette émanation des services secrets américains a financé le Mouvement européen, rassemblement d’unionistes et de fédéralistes européens fondé en 1948. Les noms des présidents honoraires du Mouvement européen figurent d’ailleurs sur la page de garde du document. Ce sont ceux de quelques pères de l’Europe : Winston Churchill, Alcide De Gasperi, Robert Schuman, Paul-Henri Spaak.
Le soutien de l’ACUE au projet européen durera jusqu’en 1960, trois ans après le traité de Rome. Douze ans en tout, douze ans seulement, mais qui auront changé le monde et l’Europe.
Un témoin direct atteste de l’influence de l’ancien vice-président de l’ACUE, Allen Dulles, sur les protagonistes de la construction européenne, au premier rang desquels Jean Monnet. Souvenons-nous que Allen Dulles fut le directeur de la CIA de 1953 à 1961. Ce témoin, c’est Constantin Melnik, conseiller du Premier ministre Michel Debré pour la sécurité et le renseignement entre 1959 et 1962.
« Tout ce que j’ai vu à l’époque à Matignon ne m’a pas paru inspiré par un esprit démocratique » confie l’octogénaire. L’esprit vif, il conserve une mémoire intacte de cette époque : « Les deux personnes qui ont joué le plus grand rôle en Europe pour financer la politique et les syndicats, c’est Allen Dulles et Irving Brown. »
Un jour, Allen Dulles a demandé un rendez-vous au général de Gaulle. « Le Général a été furieux et l’a renvoyé vers Debré. Comme Debré ne s’intéressait pas au renseignement, c’est moi qui l’ai reçu. Allen Dulles et moi avons passé des soirées entières à discuter. Dulles me considérait un peu comme son fils spirituel, mais je donnais raison à de Gaulle, qui pensait qu’on ne pouvait pas être soumis, même avec bienveillance. »
Car Dulles fut l’un de ces hommes de l’ombre qui s’attiraient les sympathies dans les milieux les plus élevés. Constantin Melnik témoigne : « Dulles estimait avoir sauvé l’Europe à travers les contacts avec les politiques. Et il me citait notamment le rôle de Schuman et Monnet. Oui, Schuman et Monnet avaient des liens avec la CIA. »
Le Général en concevait de l’agacement : « De Gaulle voulait que les contacts avec la CIA soient concentrés au niveau des services et que les gens de la CIA cessent de voir directement Monnet et Schuman. »
Dans ses Mémoires, Jean Monnet ne cite jamais le prénom d’Allen, mais trois fois le nom de Dulles, car il fut un ami de son frère John Foster Dulles, secrétaire d’Etat d’Eisenhower entre 1953 et 1959. Monnet avait rencontré John Foster Dulles à la fin des années 30, lorsque le futur père de l’Europe travaillait pour la banque américaine Blair and Co., avant de créer la Bancamerica à San Francisco. Dulles était l’un des plus brillants avocats de New York et les deux hommes s’étaient liés d ’une profonde amitié. C’est l’un des points les plus oubliés de l’extraordinaire carrière de Jean Monnet. Il fut un banquier américain. Cela n’a rien de répréhensible.
Mais l’homme a, dès le départ, agi pour placer l’Europe dans la sphère américaine, tout en proclamant sans cesse son indépendance.
C’est cela aussi le spectacle politique.
23/03 17:28 - doctorix
@glenco01 C’et gentil. On ne peut pas s’en empêcher.Les conférences (...)
23/03 17:25 - doctorix
@foufouille Avec les près de 100 milliards d’exportation de l’Allemagne vers (...)
23/03 16:49 - foufouille
@lermontov ben justement, il vaut mieux quitter cette europe avec précaution. la guerre (...)
23/03 16:40 - lermontov
@ foufouille Ouvre les yeux, c’est un p*** de machin totalitaire en fait. D’un (...)
23/03 16:33 - doctorix
@foufouille l’europe peut s’étendre comme elle veut. Ou ça ?En Russie ?vu le risque (...)
23/03 15:10 - lermontov
@ foufouille Détrompe-toi : la France a un système démocratique particulier, la République, (...)
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