Visiblement ce que j’ai dit à Le Pen et à Fillon a parlé et plu à
beaucoup de gens, parce qu’on devait être des millions dans ce pays à
avoir envie de leur dire en face.
Dire à Fillon qu’avec ses
casseroles, il ne devrait même pas être là mais plutôt chez le juge. Et
surtout qu’il ferait mieux d’arrêter de nous demander de nous serrer la
ceinture, lui avec ses costards qui valent 5 Smics et qu’il ne paye même
pas.
Dire à Le Pen, qui se la joue anti-système, que le système
finalement elle l’aime bien quand il lui permet de se servir pour
donner de l’argent à ses copains, ou d’avoir une « immunité » et de ne pas
aller chez les flics.
Et aussi dire à Macron, qui raconte qu’il
n’aime pas le mot « pénibilité » à propos du travail, que s’il bossait
dans les mêmes conditions que nous, il arrêterait peut-être de raconter
n’importe quoi et d’insulter tous ceux et toutes celles qui triment tous
les jours.
Si j’étais à ce débat, c’était aussi pour exprimer
ce que des millions d’entre nous pensent : que les salaires doivent être
augmentés, qu’il faut partager le temps de travail, qu’il faut
développer les services publics parce qu’on a besoin de plus de monde
dans les hôpitaux, des écoles, les bureaux de Poste, les CAF, à Pôle
Emploi, qu’il y en a marre de l’état d’urgence et des violences
policières, etc.
C’est ce que j’ai essayé de faire passer, même
si ce n’était pas évident vu les conditions du « débat ». Et faire passer
aussi cette idée qu’il faut qu’on arrête de baisser la tête et de
confier notre sort à ces politiciens qui ne connaissent rien et ne
comprennent rien à nos vies et à nos besoins, et qu’il faut qu’on fasse
de la politique nous-mêmes pour prendre nos affaires en main.
On
va essayer de continuer de défendre tout ça. Et même si on sait bien
que ce ne sont pas les élections qui changent la vie, on pense que le
dimanche 23 avril, plus il y aura de gens qui diront qu’ils préfèrent
voter pour l’un d’entre eux, un salarié, qui défend des propositions
radicales et qui refuse ce système, plus ça donnera confiance à toutes
celles et tous ceux qui en ont ras-le-bol de payer la crise du
capitalisme.
Alors on continue, on lâche rien, et on compte sur
vous pour que le buzz autour du débat d’hier ne soit pas seulement un
buzz. Pour leur dire qu’on est là et qu’on en a ras-le-bol qu’ils nous
prennent de haut. Pour leur dire qu’on est décidés à se faire entendre
et qu’on le fera par tous les moyens, même par cette élection à laquelle
ils ne voulaient pas, avec leurs réformes anti-démocratiques, que les
petites organisations participent. Et pour leur dire qu’après
l’élection, ça ne va pas s’arrêter. »