@kalachnikov
L’Europe de
1900, c’est tout de même une entité géographique, économique (par proximité géographique)
et de religion chrétienne. Mais il est vrai qu’elle n’existait pas dans l’esprit
des Européens de jadis centrés sur la nation, à l’exception de visionnaires tel
Victor Hugo. Ceci dit, l’Européen d’aujourd’hui
formé à l’idée européenne peut avoir à l’esprit, dans son imaginaire, une civilisation
européenne plus ancienne, celle de Rabelais, Voltaire, Mozart, Goethe, Bach, Velasquez,
Rembrandt, Manet, Vermeer. Cette Europe était aussi au XIXème une puissance
économique majeure vue des USA. La guerre de 14, puis celle de 39 ont bouleversé
cet ordre des choses, aux dépens de l’Europe. L’Européen moderne peut voir le XXème
siècle comme le moment d’un un renversement de puissance globale. Les USA
deviennent prescripteurs dans de multiples
domaines, dont la culture, la science, la conquête de l’espace, l’armement.
La construction européenne d’après guerre peut alors être vue, dans l’imaginaire
d’un Européen moderne, comme un processus de réhabilitation de l’Europe à la
recherche d’un statut face aux USA et au reste du monde. Un statut de Mère de
la Civilisation, offrant au reste du monde un modèle de puissance économique
composé de 28 pays et fondé sur des valeurs européennes issues de son histoire.
C’est une façon de voir les choses.
Une autre
vision de la réalité moderne est celle d’un bloc occidental composé de deux
parties intimement liées, les USA et l’Europe, dirigé par les mêmes
entités/personnes, et visant à une suprématie mondiale à caractère impérialiste/totalitaire.
Je pense que
ces deux visions se superposent, ne s’excluent pas. Que la seconde écrase la
première dans le contexte de tensions géopolitiques que nous vivons est
certain. Mais l’Europe continuera de se chercher un statut qui lui soit propre
au plan mondial. C’est l’enjeu des débats d’aujourd’hui en France, où l’on voit
des pro-européens comme Mélenchon préconiser une sortie de l’OTAN, en plus de
la révision de certains traités.