à l’auteur,
Je crains que votre pessimisme ne soit que trop fondé. Certains sondages avaient prédit MLP aux alentours de 30%. Elle est arrivée deuxième, mais si on tient compte de La France soumise, elle n’est pas très loin des 40%. J’entendais dire aux informations qu’un très faible nombre des électeurs de Mélenchon se reporteraient sur Le Pen. Or, il y a un sondage sur ce site, et il apparaît que plus de 36% de ceux qui ont répondu voteront Le Pen et je n’en suis pas du tout étonné ; il y a longtemps que j’ai mis un signe d’équivalence entre les deux formations.
Je ne fais en effet aucune espèce de différence entre le FN et la France Soumise : des deux côtés, c’est le même sectarisme, la même adhésion fidéiste à des idéologies pourries et la même identification mystique à un Führer. On a là deux partis qui fonctionnent selon des schémas totalitaires un peu différents par les ennemis que chacun se donne, mais cela revient exactement au même.
Vous paraissez craindre que Macron ne maîtrise pas très bien les dossiers dans le cadre d’un débat. J’en suis moins sûr : il est passé par l’ENA, il a été ministre, il connaît la finance, il n’a rien d’un autodidacte, et sa stratégie sera précisément de poser que les choses sont beaucoup plus complexes que son adversaire ne les présente, mais le danger en pareil cas, s’il entre dans des développements trop techniques, sera de paraître noyer le poisson et il sera facile de lui représenter que s’il connaît bien les mécanismes de l’économie, l’électeur ordinaire a lui aussi toutes les compétences pour juger, à partir de la stagnation ou de l’effondrement de son revenu, des effets des excellentes politiques dont il a déjà tâté quand on lui en prose une qu’il ne connaît déjà que trop.
« En même temps », Macron est d’accord avec tout le monde, mais là il ne pourra pas l’être du tout et il ne saura probablement pas attaquer avec assez de virulence : il se contentera d’esquiver, et ce n’est pas ainsi qu’on peut espérer s’imposer. Le débat ne sera pas aussi désopilan que celui de Sarkozy avec une Ségolène Royal décérébrée proposant de faire raccompagner le soir chaque femme-policier par un agent, mais ça risque de ressembler quand même à un naufrage. Si on ajoute à cela un risque d’attentat qu’on ne peut pas exclure, il faudrait être fou pour être optimiste.
Bref, je vais devoir voter Macron après avoir voté Fillon. Quand j’y pense, j’enrage. Il reste que je ne vois pas comment faire autrement. Quand même, si je pouvais botter le cul à mes deux candidats « préférés (!) », je ne m’en priverais assurément pas. Ah, les sales cochons !