Après une période de gouvernance prospère au XVIIIe siècle, la régence est en déclin au XIXe siècle
sous l’influence de plusieurs facteurs. De 1802 à 1821, la politique
d’exportation du blé, pour faire entrer des revenus dans le trésor
provoque une violente dissidence des tribus de l’arrière-pays et une rébellion
des populations qui affichent ouvertement leur désir de se débarrasser
de la régence (révoltes paysannes de Ben el Harch et des Derkaoua). La
disette pousse le reste des populations dans l’action armée qui prend la
forme d’une guérilla larvée contre les représentants de la régence. Sur
le plan militaire, la flotte d’Alger est dépassée et ne peut plus tenir
tête aux marines des pays européens ; à partir de 1815, les flottes britannique et française dominent la Méditerranée20.
Autre raison avancée pour justifier l’opération : se débarrasser des pirates barbaresques
qui infestaient la mer Méditerranée depuis trois siècles, et dont un
des repaires était justement le port d’Alger, et mettre fin à l’esclavage
subi par les populations chrétiennes. Si ces deux facteurs
correspondaient à des réalités historiques, ils n’étaient pas
d’actualité en 1830. L’esclavage continuait d’exister sous la Régence,
mais il ne restait en 1830 qu’un petit nombre d’esclaves chrétiens en
Algérie, la majorité des chrétiens étant des travailleurs libres.
Quant aux pirates, ils avaient fortement réduit leurs activités depuis le XVIIIe siècle. Le dey avait dû renoncer en 1818 à la traite des esclaves chrétiens comme à la piraterie à la suite de l’intervention de la flotte britannique deux ans plus tôt, soit plus de dix ans avant le conflit avec la France22.
Une des raison les plus vraisemblable semble être le contentieux
financier suite à l’emprunt par la France durant la révolution de blé
algérien. Cette somme n’ayant jamais été payée à l’Etat algérien
envenime de façon croissante les relations algéro-françaises.
L’expédition apparaît alors comme un moyen pour la France de se
débarrasser d’un créancier23.