Dans Al-Moqaddima Les prolégomènes (1377), Ibn Khaldoun (trad. William le, 1863, t. 1, p. 310, Ibn Khaldoun écrit :
« Tout pays conquis par les Arabes est bientôt ruiné. [...] Sous leur domination la ruine envahit tout. [...] ; l’ordre établi se dérange et la civilisation recule. Ajoutons que les Arabes négligent tous les soins du gouvernement ; ils ne cherchent pas à empêcher les crimes ; ils ne veillent pas à la sûreté publique ; leur unique souci c’est de tirer de leurs sujets de l’argent, soit par la violence, soit par des avanies. Pourvu qu’ils parviennent à ce but, nul autre souci ne les occupe. Régulariser l’administration de l’Etat, pourvoir au bien-être du peuple..., et contenir les malfaiteurs sont des occupations auxquelles ils ne pensent même pas [...] ; aussi les sujets ... restent à peu près sans gouvernement, et un tel état de choses détruit également la population d’un pays et sa prospérité
Dans Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l’Afrique Septentrionale (1378), Ibn Khaldoun (trad. M. De Slane), éd. Imprimerie du Gouvernement, 1852, t. 1, p. 200, écrit : »Les Arabes sont une nation sauvage (umma wahshiyya), aux habitudes de sauvagerie invétérées. La sauvagerie est devenue leur caractère et leur nature. Ils s’y complaisent, parce qu’elle signifie qu’ils sont affranchis de toute autorité et de toute soumission au pouvoir. Mais cette attitude naturelle est incompatible (munafiya) et en contradiction (munâqida) avec la civilisation (’ùmrân). … De plus, c’est leur nature de piller autrui. Ils trouvent leur pain quotidien à l’ombre de leurs lances (rizqu- hum fi zilâl rimâ-i-him). Rien ne les arrête pour prendre le bien d’autrui
Quand ils ont obtenu cela, ils ne s’occupent ni de prendre soin des gens, ni de suivre leurs intérêts, ni de les forcer à se bien conduire. Ils lèvent des amendes sur les propriétés, pour en tirer quelque avantage, quelque taxe, quelque profit. Telle est leur habitude. Mais elle n’aide pas à prévenir les méfaits ou à dissuader les malfaiteurs. Au contraire, le nombre en augmente : comparée au bénéfice du crime, la perte représentée par l’amende est insignifiante. En régime arabe, les sujets vivent sans lois, dans l’anarchie (fawda). L’anarchie détruit l’humanité et ruine la civilisation. En effet, le pouvoir …tient à une qualité naturelle de l’homme. C’est lui qui garantit l’existence des hommes et leur vie sociale (ijtimâ’).
… On remarquera que la civilisation s’est toujours effondrée avec la poussée de la conquête bédouine : les établissements se sont dépeuplés et la terre devint toute autre que la terre... Le Yémen, où vivent les Arabes bédouins est en ruine, à part quelques villes. La civilisation persane en Irak est complètement ruinée. Il en est de même, aujourd’hui, en Syrie. Quand les Hilâliens et les Banû Sulaym ont poussé jusqu’à la Tunisie et au Maroc, au début du XIe siècle, et qu’ils s’y sont débattus pendant 350 ans, ils ont fini par s’y fixer et les plaines en ont été dévastées. Autrefois, toute la région entre la Méditerranée et le Soudan était peuplée, comme le montrent les vestiges de civilisation, tels que monuments, sculptures monumentales, ruines de villages et d’agglomérations…
...Une nation dominée par les Arabes est dans un état voisin de l’anarchie, où chacun s’oppose à l’autre. Ce genre de civilisation ne peut durer : il court à sa perte, aussi vite que l’anarchie elle-même.