Quelques
remarques d’ensemble sur le propos de l’ouvrage de J.B.E.
Goldstein.
Tout
comme pour Le Prince, le
texte ne commence pas par une Introduction. L’objet du livre n’est
pas présenté, et encore moins défini, comme s’il allait de soi.
Le titre n’est pas commenté. Pourquoi collectivisme
oligarchique ?
Oligarchie
renvoie évidemment
à la classe supérieure,
l’élite. Point de despote unique et
absolu, point de prince :
le travail a déjà été fait et Goldstein
évoque
son travail comme une continuation de celui du Secrétaire
florentin. Après
le régime monarchique, pour suivre Montesquieu, un régime
aristocratique, éventuellement maquillé en démocratie.
Le
sens exact à donner à collectivisme
est moins clair. Nous
sommes enclins à traduire
spontanément par
propriété publique des moyens de production, socialisme (voire
communisme). Or Goldstein précise, assez tardivement il est vrai,
qu’il ne s’agit là qu’une analogie avec ce qu’il entend par
collectivisme (p. 213). Il
semblerait qu’il faille comprendre : possession des richesses
partagée à l’intérieur de la classe supérieure. Un capitalisme
bien concentré si l’on veut. Étant oligarchique et nullement
monarchique, cette forme de possession est plus résistante aux coups
de la révolte : « Mais le collectivisme oligarchique n’est
pas une monarchie dont l’existence ne tient qu’à une tête ;
c’est sa force d’en avoir toujours plus que l’on pourrait en
couper. » (p. 216).
À la lecture, il apparaît que l’objet
du livre
est le pouvoir, tel qu’il
s’exerce et se
dispute entre les trois classes d’une société dont
l’élite possède les leviers de commande, à commencer par la
richesse.