Sarkosy à l’intérieur
Dès son arrivée place Beauvau, Nicolas Sarkozy a d’abord pris soin de s’assurer les moyens de sa politique sécuritaire : le 31 juillet 2002, le vote de la loi d’orientation et de programmation pour la sécurité intérieure prévoit ainsi de dégager 5,6 milliards d’euros pour la période 2003-2007.
Une fois cet effort financier assuré, celui qu’on surnomme « le premier flic de France » fait passer sa loi sur la sécurité intérieure (LSI) qui, le 18 mars 2003, crée une série de nouvelles incriminations : « racolage passif », « installation illégale des gens du voyage », « mendicité agressive » ou « regroupements dans les halls d’immeuble ».
Ceux qu’il appelle lui-même les « droit-de-l’hommistes » crient au loup : c’est une pénalisation en règle de la « France d’en bas ». Sarkozy n’en a cure et prétend régler les problèmes de délinquance avec un seul leitmotiv : la « tolérance zéro ». Pour motiver ses troupes, Monsieur Sécurité instaure la « méritocratie » dans la police, symbolisée par l’attribution d’une prime au mérite (entre 100 et 500 euros par an)...
Pourtant, l’insécurité n’est pas maîtrisée et la violence se durcit.
Chacun aura compris que la stratégie de Nicolas Sarkosy repose sur de l’intox. Cette manœuvre est davantage destinée à répondre à l’opposition et aux critiques sur son bilan, qu’à rendre compte honnêtement de la politique conduite.
Citant les chiffres qui l’arrangent, relativisant l’escalade de la violence depuis 2002, il passe délibérément sous silence les vérités qui dérangent :
o l’ampleur réelle de la montée des violences contre les personnes, et en particulier des violences « non crapuleuses », c’est-à-dire celles qui ne sont pas liées aux atteintes aux biens. Elles ne résument pas - comme veut le faire croire le ministre - aux violences familiales,
o les agressions violentes ont augmenté de près de 20% depuis 2002, de 9% en 2005, et de 8% au cours des quatre premiers mois de l’année 2006.
Encore faut-il souligner que ces chiffres ne sont que la partie émergée de l’iceberg : la loi du silence aboutit à ce que 2 victimes de violence sur 3 ne portent pas plainte.
L’intensification des violences scolaires :
o alors même que les violences avec armes à l’école sont en hausse de 73,2% selon les propres services du ministre de l’intérieur, les violences scolaires avaient augmenté de 13% en 2003-2004 dans les lycées et collèges, et de 6% dans les lycées professionnels en 2004-2005. Il se produit 9 agressions de personnels de l’éducation nationale par jour.
L’explosion des violences urbaines :
o avec plus d’un mois d’émeutes en 2005 (n’était-il pas le pompier pyromane ?),
o une délinquance endurcie dans les quartiers, plus de 45000 voitures brûlées en 2005 (contre 25000 les années précédentes),
o une augmentation de 30% des incidents lors de la Saint-Sylvestre de 2005,
o encore en 2007, les affrontements sporadiques de certains quartiers montrent que la tension n’est pas retombée et que la situation des banlieues n’est pas réglée.
L’aggravation des inégalités face à l’insécurité :
o en supprimant la police de proximité,
o en concentrant les effectifs dans les beaux quartiers,
o la droite présente le pire bilan qui n’ait jamais été...
La politique conduite depuis 2002 a instauré un véritable partage territorial : les habitants des quartiers populaires sont deux fois plus victimes d’agressions que le reste de la population. Il y a 1 policier pour 140 habitants dans les grands centres-villes, contre 1 pour 600 habitants dans certaines banlieues...
Enfin, les chiffres avancés par le ministre de l’intérieur sont tronqués. La pression de la culture de la statistique à laquelle sont soumis les policiers conduit à décourager le dépôt de plainte. Ainsi en matière de violences, 32% des faits signalés par les victimes à la police et à la gendarmerie ne sont enregistrés qu’en main courante pour ne pas être comptabilisés dans les statistiques. (Delphine Batho, Secrétaire nationale chargée de la sécurité).
http://monsite.wanadoo.fr/section-ps-angres/page7.html
www.lexpress.fr/idees/tribunes/dossier/allegre/dossier.asp ?ida=415610
www.humanite.presse.fr/journal/2005-06-23/2005-06-23-809235
En résumé, Sarkosy aura marqué son ministère par une politique de la fermeté et de la répression au mépris du dialogue, du rôle du monde associatif dans les cités. D’ailleurs il a licencié un commissaire qui organisait des manifestations sportives pour les jeunes des cités