Les Dieux
contemporains ont, eux aussi, une vie limitée.
@P.-A. Teslier
Le dieu du christianisme, de fait, est complètement mort, et les chrétiens, comme dit Marcel Gauchet, sont « sortis du religieux », mis à part quelques crétins absolus du côté de Saint-Nicolas du Chardonnnet ou de Civitas. Reste une espèce de multinationale dont le siège et le PDG sont au Vatican, et qui continue tant bien que mal à gérer des intérêts qui ne sont pas du tout négligeables.
Il y a une quinzaine de jours, on avait organisé à Fatima toute sorte de manifestations pour commémorer les « apparitions » de 1917. Sur la chaîne KTO, j’avais vu un documentaire fort plaisant dans lequel on montrait des pèlerins en train de parcourir, en se traînant sur les genoux -ça doit faire très mal !- les dernières centaines de mètres du pèlerinage. Ce qui était très drôle, c’est que la journaliste de la chaîne qui interrogeait tel évêque responsable de l’événement du côté français paraissait ulcérée par ces momeries et ne cessait d’interroger le prélat sur les dangers de cette « religion populaire » dont le ridicule sautait aux yeux. Le bonhomme s’efforçait avec beaucoup de mal et en recourant à toute sorte de subtilités jésuitiques, de ménager la chèvre et le chou, mais comme ses réponses n’étaient évidemment pas satisfaisantes, l’autre insistait ; elle est revenue à la charge durant tout le temps de l’entretien. Aucun des deux n’osait dire : on nage dans la connerie pure, mais on sentait bien que c’était ce qu’ils pensaient.
Le christianisme se survit comme folklore, et après tout, tant que cela ne fait du tort à personne, je n’ai rien contre. J’en veux beaucoup à Luther et aux réformés qui auront beaucoup retardé cette évolution normale de la religion chrétienne. Au XVe siècle, le culte marial et le culte des saints, l’adoration des reliques, tout cela s’était tellement développé que le christianisme se présentait comme un polythéisme tout à fait charmant dont les histoires à dormir debout compilées par Jacques de Voragine dans sa « Légende dorée » inspiraient les peintres de la manière la plus heureuse. Le catholicisme de la contre-réforme sera bien obligé de concurrencer sur son propre terrain l’espèce de radicalisation qui caractérise la Réforme. Les gens de l’Oratoire, le courant janséniste obsédé par les dialectiques de la grâce héritées de l’augustinisme réintellectualisera le catholicisme, s’efforcera d’en faire quelque chose de sérieux pour les élites, jusqu’à ce que la sévérité épouvantable du clergé janséniste au XVIIIe siècle finisse par chasser le petit peuple des églises.
La même évolution eût été très souhaitables pour l’islam. Il y a trente ans, les musulmans en France n’étaient pas beaucoup plus religieux que les catholiques, lesquels pour la plupart n’ont jamais lu la Bible et ignorent tout de l’histoire des conciles. Le musulman français ne devait pas avoir non plus une connaissance bien précise du Coran, et quand il lisait les sourates 8 et 9 où il est constamment question de massacrer les kouffars, il sentait bien que cela n’avait plus beaucoup de rapports avec le monde où il vivait. Les paraboles pointées sur al-Jazeera, les prédications de fous furieux comme Qaradawî, les micros complaisamment tendus par les media français à un Tarik Ramadan ou aux allumés du Parti des Indigènes de la République auront depuis complètement radicalisé les esprits faibles en quête d’identité. Il reste que l’avenir de cet islam, c’est le VIIe siècle. Il est donc une sorte de mort-vivant, et cette religion de zombies qui produit des horreurs très comparables à celles que présentent les films d’horreur organisés autour de cette fantasmatique digne du grand-guignol, est forcément condamnée à disparaître aussi brutalement qu’elle est apparue. L’islam, qui est la dernière des religions révélées, sera aussi la première à disparaître. Le plus tôt sera le mieux.