ce matin levé bien avant que les oiseaux ne commencent à siffloter. ils sont joyeux, ils savent qu’ils n’ont pas à aller voter, eux, comme les troupeaux d’insoumis qui s’en vont aller plaider la cause de grand Baluchon. c’est obligation morale de voter. nos ancêtres les Lumières sont morts dans leurs lits pour que nous ayons ce droit de vote.
ils sont morts pour nous donner ce droit, comme le grand sage Baluchon « se tue » à défendre l’ouvrier au parle-ment européen pour un salaire de misère.
les oiseaux n’ont pas de salaire, et c’est sans doute pourquoi ils s’égosillent dans le petit matin. c’est le merle qui siffle le plus fort. au boulot le premier à sautiller pour attraper les vers de terre. mais les pigeons, déjà, roucoulent. ils m’appellent « tonton ». « t’es un gros con, tonton. tonton, t’es un con ». pas contents les pigeons : j’ai mis des filets pour les empêcher de bouffer « mes » fraises. alors ils se rattrapent sur les petits pois et les choux en se foutant de ma gueule. les pinsons et les mésanges restent encore au chaud dans leurs nids, les feignants.
oui, ce qu’il nous faut, c’est un pro-gramme. ils ont tous un pro-gramme. ils ont fixé par avance les maux et leurs remèdes, dans un pro-gramme qu’ils vont appliquer, c’est certain, un fois au pou-voir, quand ils seront les maitres. est-il des maitres sans esclaves ?
dans le petit matin les esclaves se rasent soigneusement, se mettent du sent-bon sous les aisselles. faut être propre quand on va à la messe républicaine ...