@Massada
L’extension méditerranéenne du christianisme passe peut-être par les évangiles, mais encore plus surement par les épitres de Paul (Saul de Tarse). Dans Néropolis, Hubert Monteilhet nous fait vivre les prêches et surtout l’action prosélyte de Pierre (tu es Petrus et hanc petram aedificabo ecclesiam meam dont on ne sait même pas si Jésus avait prononcé ces paroles et envisageait la création d’une organisation humaine... que sera l’Église romaine apostolique, d’ailleurs en « concurrence » avec les groupes chrétiens d’Orient et l’Église d’orient dont la « rome » était Byzance-Constantinople).
Les pérégrinations des évangélistes et leurs contradictions sont intéressantes. Emmanuel Carrère qui, de converti et facilement exégète du christianisme, est revenu à une attitude et une conviction plutôt désabusée, a écrit entre 2011 et 2014 un bouquin passionnant (même si touffu) sur le sujet : « Le Royaume ». J’ajouterai, en complément des précisions que j’apporte dans deux autres commentaires sur l’attitude des « autorités » juives (grand-prêtre et Sanhédrin), sur celle du préfet Ponce-Pilate (un bouquin de Christian Duquesne dont j’oublie le titre m’avait intéressé dont les héros étaient en fond de décor Jésus et en grand témoin de l’action l’épouse de Ponce-Pilate) et de l’occupant romain ; enfin sur le rôle de Judas dans l’accomplissement sacrificiel de la Rédemption (lire le « Judas » d’Amos Oz).
La pax romana passait par une justice expéditive et des châtiments publics dont la crucifixion. Le Ponce-Pilate qui s’en lave les mains est en fait le Préfet qui souhaitant éliminer un potentiel agitateur des foules est rassuré par le Sanhédrin qui affirme que ce type n’est en rien le Messie des Juifs. Effectivement, rapporter ces paroles et ces faits comme cela l’a été a permis de reporter sur « les Juifs » la responsabilité de cette crucifixion et de la mise à mort de Jésus... puis de faire des Juifs un « peuple déicide ». La conjonction en fin de XIXème siècle de l’antisémitisme type écrits et diatribes d’Edouard Drumont, des positions de l’Action Française et de l’attitude de l’Église catholique romaine (avec un paroxysme durant « l’affaire Dreyfus ») a marqué des générations au point de faciliter la lâcheté (et l’acceptation consciente) de très nombreux Français lors de l’invasion nazie du territoire français et qu’il reste encore un fond antisémite dans notre société, ce que personnellement j’appelle l’antisémitisme à bas bruit. Avec des confusions « politiques » dues à l’antisionisme et, hélas, des interprétations coraniques prêchées le vendredi qui installent chez nombre de Français issus d’immigration ou descendants de soldats musulmans et de harkis un argumentaire fallacieux clairement antisémite...