« Son silence ne porte pas seulement sur la
situation actuelle des Rohingyas. Elle n’a pas davantage réagi aux discours de
haine ni aux préjugés qui ont mené un nombre croissant de villages au Myanmar à
afficher sur des panneaux libellés « pas de musulmans ici » leur
position discriminatoire depuis des mois.
Tant qu’on persévérera à
refuser de considérer l’homme comme un animal territorial et qu’à ce titre, il
réagit, parfois violemment, lorsque des « intrus » se multiplient au
point de menacer l’équilibre sociétal et culturel de son territoire, on n’ira nulle part. Que ce soit en Birmanie... Ou en
France.
« Permettre aux discours de haine de se
répandre, c’est abandonner toute ambition de d’encadrement moral et laisser se
former des tensions dangereuses pour l’équilibre social. »
Ramener ce qui est une
attitude d’auto-défense à un discours de haine – très à la mode, la haine par
les temps qui courent - auquel il faudrait, en suivant cette logique, opposer une « ambition
d’encadrement moral » assorti de mesures « adéquates »,
est dans la ligne bisounoursique du temps, c’est-à-dire déconnectée de toute
réalité anthropologique et historique. .
A partir du XIXe siècle, et jusque
après la Deuxième Guerre mondiale, les Rohingyas se sont rangés du côté
du
colonisateur britannique contre les indépendantistes birmans, sans doute
dans un espoir
de protection. Ce qui revenait à reconnaître leur extranéité, au sein de
la civilisation birmane. Etrangers se comportant en étrangers, ils
allaient logiquement être traités en
étrangers, au point qu’on leur retirera la nationalité birmane, en 1982.
Aung San Suu Kyi, fille de l’un
des leaders de l’indépendance birmane, le général Aung San, n’a aucune raison d’être
plus protectrice qu’il ne convient, à l’égard d’une population étrangère depuis
toujours, adepte d’une religion qui rencontre des problèmes, lorsqu’elle ne les
suscite pas, partout où ses fidèles se sont implantés en grand nombre.
P.S.
- Qu’elle ait reçu le Prix Nobel de la Paix du fait de son action
contre la dictature qui étouffait le peuple birman, ne l’engage à rien à
l’égard des autres peuples de la planète.