@Scuba
La réalité est toujours d’une extrême complexité, il y eu un va-et-vient des positions, je te donne si tu me donnes... je te tiens tu me tiens... voici un extrait de : https://www.cairn.info/revue-guerres-mondiales-et-conflits-contemporains-2003-3-page-77.htm
"(...) Ces débats confirment que
les milieux politiques américains envisagent la poursuite des opérations
en Indochine, et non pas le dégagement de Diên Biên Phû. Pourtant,
durant la dernière décade d’avril, le cabinet Laniel va passer très près
d’accepter l’action concertée, dans le vain espoir d’obtenir Vautour.
Au
matin du 22 avril, Laniel hésite : il pourrait accepter
l’internationalisation du conflit si le sauvetage de Diên Biên Phû
s’ensuivait à coup sûr. Bidault voit alors en une intervention
américaine « la limite du possible ».
Dans l’après-midi, Dulles, présent à Paris pour une réunion de
l’Alliance atlantique, demande à son homologue français si des bombes
atomiques tactiques pourraient être utilisées efficacement à Diên Biên
Phû, et en propose deux à la France. Pourquoi douter de la réalité de la
proposition ? Bidault et l’ambassadeur Jean Chauvel la mentionnent dans
leurs Mémoires ; surtout, le ministre en a immédiatement fait part à
trois de ses proches collaborateurs (Roland de Margerie, Maurice
Schumann, Guy de la Tournelle), et le général Ely la relève dans son
journal tenu au jour le jour.
La véritable difficulté réside dans l’interprétation de l’offre de
Dulles. Le secrétaire d’État n’était certes pas habilité à présenter une
telle ouverture. Mais la possibilité d’employer la bombe à Diên Biên
Phû avait déjà été soulevée devant lui par Radford, et il craignait une
capitulation diplomatique de la France à Genève, que le gouvernement
Laniel justifierait auprès de l’opinion publique en alléguant que les
États-Unis n’avaient pas consenti tous les efforts au bénéfice du camp
retranché.
Dulles a donc peut-être voulu persuader Bidault que les États-Unis ne
reculaient devant aucun sacrifice en faveur de l’Indochine, quand bien
même eût-il été fort embarrassé si son collègue l’avait pris au mot. De
toute manière, le ministre français a refusé. (...)