La découverte des hydrocarbures en 1956 ne changea pas la donne et l’Etat
français fut contraint d’imposer quasiment à des compagnies réticentes une mise
en production qui débuta timidement entre 1957 et 1959 pour démarrer
véritablement en 1961. Ce pétrole était
en effet trop léger pour la transformation en fuel dont avait alors besoin l’industrie
française. De plus, à cette époque, le marché mondial était saturé et le
pétrole algérien entrait directement en concurrence avec le pétrole libyen plus
facile à exploiter et à écouler. Enfin, le brut algérien était cher : 2,08
$ le baril contre 1,80 $ au cours mondial. Une fois encore la France vola donc
au secours de l’Algérie en surpayant un pétrole dont elle avait pourtant
financé les recherches et la mise en exploitation !
Concernant l’immigration algérienne en France, et contrairement à tous
les poncifs, Daniel Lefeuvre a définitivement démontré qu’avec le statut du
20 septembre 1947 conférant la citoyenneté française aux musulmans d’Algérie, ce
fut la préférence nationale, en l’occurrence la préférence algérienne, que
choisirent les gouvernements de la IV° République. Contrairement à une autre
idée-recue, les choix des patrons métropolitains étaient au contraire à la main
d’oeuvre italienne, espagnole et portugaise mieux formée donc moins chère et
facilement assimilable. Comme l’écrit encore Daniel Lefeuvre, « contrairement
à une légende tenace, l’afflux d’Algériens en métropole, dans les années 1950,
ne répond pas aux besoins en main d’œuvre de l’économie française au cours des
années de reconstruction ou des Trente Glorieuses » ce qui détruit « l’imagerie
de rabatteurs, parcourant le bled, pour fournir à un patronat avide, la main d’œuvre
abondante et bon marché dont il serait friand ».
A lire ces lignes, on comprend que les Coquery-Vidrovitch, les Liauzu et
les Stora aient eu des brûlures d’estomac…
08/11/2013