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Commentaire de Bella Ciao

sur Les paradoxes du glyphosate


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Bella Ciao 2 octobre 2017 12:02
@sweach

Bonjour,

Ma 1ère réaction après vous avoir lu a été de venir vous poser la question « qui n’est pas pourri ? ».

Déjà sur un point, je me permets de rectifier : les paysans. Non seulement sont loin d’être tous sur les mêmes modes de production, sur les mêmes systèmes de culture, avec les mêmes convictions économiques et civilisationnelles (ou sociétales, as you like). J’énonce là une évidence. Mais je voudrais ajouter que pour une grande partie d’entre eux, ceux qui ont survécu aux restructurations territoriales, à la désertification de l’espace rural, du moins leurs successeurs, soit descendants, soit migrants (d’une région à l’autre mais aussi parfois... d’une autre profession à l’agriculture), le formidable bond obtenu en fin des années cinquante avec (notamment) le Plan Marshall, et surtout durant les années 60 -au moment où enfin la France après s’être reconstruite était nourrie par son agriculture avant de que cette dernière devienne exportatrice, la première en Europe- a conduit à : mécanisation de plus en plus poussée, dépendance économique de plus en plus prégnante (engager une culture se faisant sur prêt de campagne... donc la récolte devra d’abord amortir les annuités et rembourser du cash) d’où course au rendement avec fertilisants et traitements phytosanitaires (les variétés -par exemple- de blé d’hiver les plus productives créées dans les années 60, 70 et même encore 80 étaient très sensibles aux maladies cryptogamiques : fonte des semis, piétin-verse, rouilles, oïdium, septoriose, fusarioses, charbons, etc). Bref, NOUS (le pays) avons pour beaucoup favorisé cette agriculture « industrielle » recourant massivement aux intrants chimiques.

Il est évident qu’en polyculture-élevage les choses ont évolué différemment. Déjà parce que la production de lait (par exemple) est étalée et non pas annuelle comme une moisson, et permet donc des rentrées de caisse régulières. Parce que le recyclage des pailles en litières fournit du fumier restitué aux sols. Parce que des surfaces prairiales sont nécessaires et en prairies permanentes s’avèrent formidablement écologiques, Et, etc...

Encore un mot sur la chimie en agriculture. Il ne viendrait à personne l’idée aujourd’hui d’autoriser l’utilisation de produits à base de mercure sur des cultures destinées à notre alimentation et à l’alimentation animale, et... heureusement ! Néanmoins, dans les années d’après guerre, fin des années 40, années 50 et 60... on a protégé les cultures céréalières, le blé panifiable d’abord, contre les fontes des semis, la carie, l’ergot, les charbons, à l’aide de la désinfection des semences aux organo-mercuriels (ou organomercuriques) associés à l’anthraquinone... aujourd’hui tous interdits. Et pourtant l’enfant que j’ai été années 40 (euh... après la période de rationnement et des tickets), l’ado que j’ai été années cinquante, a mangé du pain à sa faim grâce à ces traitements, grâce à cette agriculture...

Pensez qu’en viticulture, il y a cent ans, on combattait certains parasites en injectant dans le sol du sulfure de carbone (un puissant solvant volatil, donc fumigant, qui stérilisait le sol... Que quand on parle de l’arsenite de soude (donc de l’arsenic) interdit depuis une quinzaine d’années contre l’esca et les maladies du bois de la vigne favorisées par les plaies de taille, c’était d’abord... un insecticide autorisé contre la pyrale de la vigne et autres chenilles du raisin dans la seconde moitié du XXème siècle.

Avouez qu’on a tout de même pas mal évolué...

Quant aux antibiotiques, même si d’autres pays les jugeaient efficaces contre les bactérioses des plantes (feu bactérien des pomoïdées, nécrose bactérienne de la vigne, etc), la France ne les a jamais autorisés.

En élevage, hélas, de médicaments prescrits avec parcimonie, ils sont devenus des facteurs de production (masse des carcasses) ailleurs qu’en France, voire en France si quelque prescription véreuse et hors-la-loi a fait scandale ici ou là... Les élevages de masse, en poules pondeuses, en porcelets, voire en bovins... risquent par le biais d’épizooties de ramener des usages inconsidérés de divers « médicaments » (opinion personnelle).






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