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La peur est une arme facile à manier et aux effets d’autant plus
redoutables que la vaccination s’adresse à des personnes bien portantes.
Chaque individu se voit ainsi mettre en balance un avantage théorique
pour la société, mais finalement abstrait (beaucoup des maladies
combattues sont peu présentes du fait de la vaccination, justement), et
un risque pour soi-même, aux probabilités certes infimes, mais
matérialisé pour chacun par l’injection. La raison et le bénéfice ne
sont pas à armes égales face à la peur.
Les droits de la personne
Les ligues anti-vaccinales jouent ensuite sur « les droits individuels » et s’attaquent au « caractère
obligatoire des vaccinations comme une atteinte à l’intégrité physique
et morale de l’individu et à la liberté de conscience ». Les
bénéfices de la vaccination sont niés, et la controverse est transformée
en « querelle philosophique ». Ainsi, la LNLV, une des associations les
plus actives, affirme, à l’image des créationnistes qui contestent la
théorie de l’évolution, que « le « pasteurisme » n’est qu’une théorie
scientifique que le corps médical est loin de partager « universellement »
et que, par conséquent, l’État ne devrait pas l’imposer ». Ceci
pour justifier sa demande d’abrogation de tous les cadres réglementaires
concernant la vaccination, et la liberté pour chacun de choisir d’être
vacciné ou non, choix que les parents devraient pouvoir imposer à leurs
enfants.
Pourtant, la santé publique, et plus généralement, le progrès humain,
ne peuvent pas se construire sur une somme de décisions individuelles
éclairées par la peur et la perception mal informée des enjeux et des
réels dangers.