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Commentaire de Christian Labrune

sur Anne Bert : le choix de la mort dans la liberté et la dignité


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Christian Labrune Christian Labrune 10 octobre 2017 16:14

@Fergus
Dans les locomotives de la SNCF, aujourd’hui, il n’y a plus qu’une seule personne. On a donc mis au point, pour éviter les catastrophes en cas de malaise ou de mort subite du conducteur un dispositif qu’on appelle celui « de l’homme mort ». Périodiquement, un petit signal retentit auquel le conduteur doit répondre en appuyant sur un bouton. S’il ne le fait pas (s’il est mort !) le train s’arrête automatiquement.
On pourrait très bien, pour ceux qui veulent crever dans la dignité, mettre au point un dispositif électronique : tous les soirs, il y aurait un petit signal électrique auquel il faudrait répondre en appuyant sur un interrupteur sous-cutané. En cas d’absence de réaction, le système répandrait automatiquement dans l’organisme un poison létal. On sait déjà faire des pompes à insuline qu’on installe sous la peau, ou des pace-makers ; tout cela n’est pas bien difficile. De la sorte, si vous vous retrouvez tétraplégique après un accident, ou plongé dans un coma qui risque de vous transformer définitivement en plante verte, il n’y aurait rien à vouloir et rien à faire : dans un délai de moins de 24 heures on serai mort et bien mort.
J’imagine que bien des accidentés entièrement paralysés demanderaient quand même qu’on voulût bien, immédiatement, par une petite intervention, désactiver le système. Lisez donc la fable de La Fontaine :« La mort et le bûcheron ». Je vous la recopie en bas de page.

Un pauvre Bûcheron tout couvert de ramée,
Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
Gémissant et courbé marchait à pas pesants,
Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée.
Enfin, n’en pouvant plus d’effort et de douleur,
Il met bas son fagot, il songe à son malheur.
Quel plaisir a-t-il eu depuis qu’il est au monde ?
En est-il un plus pauvre en la machine ronde ?
Point de pain quelquefois, et jamais de repos.
Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts,
Le créancier, et la corvée
Lui font d’un malheureux la peinture achevée.
Il appelle la mort, elle vient sans tarder,
Lui demande ce qu’il faut faire
C’est, dit-il, afin de m’aider
A recharger ce bois ; tu ne tarderas guère.
Le trépas vient tout guérir ;
Mais ne bougeons d’où nous sommes.
Plutôt souffrir que mourir,
C’est la devise des hommes.
 


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