C’est, pourtant, bien une formation littéraire qui permet à l’être
humain de mieux s’intégrer dans la société, de mieux comprendre le monde
qui nous entoure, de mieux appréhender le présent tout en faisant
référence au passé.
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@Rosemar,
Je suis assez souvent d’accord avec ce que vous écrivez, et pas seulement par une espèce de solidarité entre profs de lettres (ce que je fus !) pour être en droit, cette fois, d’exprimer sur ce point un désaccord absolument radical.
Passons sur l’intégration à la société : les sophistes que nous sommes fournissent aux élèves, de fait, l’art d’argumenter et, lorsqu’on est un peu habile, de paraître avoir toujours raison dans les relations avec autrui ; partant, de séduire et de l’emporter dans les conflits, voire de les désamorcer à son profit.
Mais les « littéraires » ne comprennent rien au monde qu’ils croient comprendre. Depuis que Galilée a su mettre la physique en équations, la seule explication valable du monde passe par les mathématiques, et tout le reste n’est que... littérature.
Comme vous, j’ai étudié les lettres, et je dois bien avouer qu’elles ne m’ont pas appris grand chose, bien moins que la philosophie et les sciences que je ne connais hélas qu’en autodidacte. Je n’aime guère la littérature et je dirais volontiers ce que Valéry écrit dans l’une de ses lettres, qu’il est « tout au plus un admirateur et un amant malheureux de la plus belle des sciences. ». Il parle évidemment des mathématiques.
Je ne me consolerai jamais d’avoir quitté les mathématiques et je pourrais bien reprendre à mon compte, en changeant un seul mot, la phrase de Swann qui termine le roman de Marcel Proust :« Dire que j’ai gâché des années de ma vie, [...] que j’ai eu mon plus grand amour pour une [discipline] qui ne me plaisait pas, qui n’était pas mon genre ! »