@JL
Vous
écrivez : « que le neurone soit le siège de la
conscience, j’en doute un peu ». Eh bien moi, je n’en doute
pas un peu. Je suis persuadé au contraire qu’il ne l’est pas.
Plusieurs phrases de mon article font état d’une structure
matérielle incluse dans l’animal dont la nature est encore
mystérieuse mais dont l’existence est indispensable pour que le
mécanisme générateur de conscience puisse jouer. (« En
revanche, si on se place dans l’hypothèse moduliste que j’ai
déjà présentée ailleurs (1), on admet que l’activité
oscillatoire des neurones AWB produit une modulation du champ
magnétique telle qu’elle provoque dans une structure de l’animal
sensible à cette modulation un ressenti douloureux d’une intensité
donnée ». « Que la modulation du champ magnétique
puisse produire l’énergie de la conscience au contact d’une
structure matérielle incluse dans un animal, c’est ce qu’il
faudra bien parvenir à penser et à établir. »…). Le
neurone, ou plus exactement l’ensemble des neurones co-activés à
un instant précis jouent un rôle d’oscillateur électrique qui
module le champ magnétique environnant la structure réceptrice. Et
c’est dans cette structure, non dans les neurones, que la sensation
prend corps.
Dans
mon article : « Une niche pour la conscience 2 : le
modulisme », j’utilise la métaphore de la radiodiffusion.
L’ensemble des neurones oscillants, c’est l’émetteur. La
modulation produite sur le champ magnétique, c’est l’émission.
Le poste de radio, c’est le récepteur. Sans poste de radio,
l’ensemble des émissions n’engendrent dans un lieu donné que le
silence. Mais sans émissions, le poste de radio restera silencieux.
Cette
structure sensible existe bien sûr pour moi théoriquement. Elle ne
me semble pas inconnaissable mais, pour l’heure, elle n’est pas
connue. Du mécanisme qui produit la conscience, nous ne pouvons
connaître en ce moment que les neurones qui sont repérables et
identifiables. Mais cela ne veut pas dire (et jamais je ne l’ai
laissé entendre !) que les neurones seraient le siège de la
conscience. En revanche, dans ma conception du « modulisme »,
là où il n’y a pas de neurones, il ne peut y avoir de conscience.
C’est
pour ça qu’il n’y en a pas, à mon sens, dans les plantes.
Certes on trouve toute une littérature sur le « psychisme des
plantes » mais c’est abusivement que l’on parle de
psychisme. C’est vrai que les plantes réagissent à leur
environnement, qu’elles ont même des capteurs que l’on pourrait
qualifier de « sensoriels ». Mais les voies de
transmission de l’information et de réaction à ces informations
sont très généralement biochimiques. La transmission se fait de
cellule à cellule. Et, si elle peut se faire de plante à plante,
c’est par la dissémination de substances volatiles. Il y a chez
les plantes « une richesse génétique accouplée à une
extraordinaire aptitude à synthétiser des molécules complexes ».
« Elles génèrent une réponse optimisée à l’ensemble des
stimilations et agressions auxquelles elles sont soumises ».
(wikipedia, la sensibilité des plantes). Mais rien de cela
n’autorise à penser qu’elles puissent connaître le ressenti des
sensations.
Si
je me suis vigoureusement opposé à l’essai de Dehaene : « le
code de la conscience », je lui reconnais au moins le mérite
d’avoir su montrer la part très réduite qu’occupe la vie
consciente chez l’être humain par rapport à l’immensité de la
vie inconsciente. Notre corps par l’intermédiaire ou non de nos
capteurs sensoriels réagit de multiples manières à l’environnement
sans que cela affecte notre conscience. Mieux, des neurones de notre
cerveau ont une activité sans que cela induise un quelconque
ressenti. De façon tout à fait compatible avec mes conceptions sur
la genèse des sensations particulières, Dehaene évoque la
nécessité de synchronisation dans l’oscillation des assemblées
de neurones comme corrélat d’un ressenti donné…
Vous
comprendrez alors qu’il puisse apparaître aussi chimérique
(quoique ce ne soit pas pour les mêmes raisons) d’envisager un
ressenti chez les plantes que de le supposer possible dans un futur
robot.