vous confirmez donc un axe Israël-whahabbisme, Daesh étant un allié objectif contre l’axe chiite.
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@William
Votre documentation doit dater quelque peu. L’objectif de Mohammed ben Salmane, le prince héritier, très clairement exprimé il y bien maintenant une quinzaine de jours, est d’en finir radicalement avec le wahhabisme. Pas question, disait-il devant un large public international, de vivre encore trente ans dans cet obscurantisme et dans un islam qui tolère voire encourage le terrorisme. Une commission constituée d’oulémas va être créée, chargée d’expurger le Coran de toutes les injonctions criminogènes, de manière à pouvoir aboutir rapidement à un islam « modéré ». Je suis un peu sceptique sur le résultat d’une pareille entreprise, mais l’intention reste des plus souhaitables.
Les arrestations d’opposants à cette nouvelle orientation politique se sont multipliées ces derniers jours : plusieurs dizaines de personnes : religieux fanatiques, ministres et même des princes, ont été mis en état d’arrestation. Avec aussi pour objectif d’écarter tous ceux qui pourraient briguer la succession au trône. C’est qu’on use de la manière forte : on veut créer un état moderne qui puisse s’affranchir assez vite de la rente pétrolière, mais comme on n’est pas encore en démocratie, on en profite, et les opposants sont carrément envoyés se rafraîchir à l’ombre.
Bref, si le wahhabisme et certains saoudiens fortunés ont incontestablement soutenu le terrorisme, y compris celui du Califat, c’est maintenant hors de saison. Le jeune prince n’est pas fou : il voit bien que sans le parapluie que peuvent déployer de puissants alliés tels que l’Amérique et Israël, son pays et les Emirats risquent fort d’être ratatinés dans le conflit qui s’annonce avec l’Iran et son Hezbollah. Une coalition est donc bel et bien en train de se dessiner, groupant l’Egypte, Israël, la Jordanie et plusieurs états de la péninsule arabique, mais pas le Qatar. Ces pays ont des intérêts communs et il est naturel qu’ils fassent prévaloir ce qui les rapproche sur d’anciennes divergences. Les ennemis sont le Hamas soutenu par l’Iran, peut-être bien le Liban à la botte du Hezbollah. Les Palestiniens de l’Autorité, dans cet ensemble, ne font qu’affaiblir les chances d’organiser une défense commune. Ils sont des emmerdeurs, d’où le voyage improvisé d’Abou Mazen, hier, à Riyad, pour essayer de maintenir une ancienne alliance qui risque très vite de battre de l’aile.
Il y a deux grosses inconnues actuellement :
- que va devenir le Liban après la démission de Saad Hariri ?
-Comment la situation va-t-elle évoluer en Arabie saoudite ? Le jeune prince a-t-il vraiment les moyens de sa politique ? Il a la réputation d’être un peu imprévisible, de ne pas trop bien maîtriser les dossiers. On ne peut être sûr de rien, sauf du danger vital que représente l’Iran pour tous les états de la région.