@John Wo
Bonsoir.
Je suis fondamentalement d’accord avec vous sur le fait qu’une
démocratie serait inadaptée et que le régime représentatif mérite d’être
changé. Mais à mon humble avis , vos arguments ne sont pas les bons.
« regardez autour de
vous, une grande partie de la population est inéduquée (pour ne pas dire
abrutie), leurs opinions politiques sont basés au travers de la télévision ».
------> La réponse à ce type d’argument est la
suivante : ce n’est pas parce que dans nos institutions actuelles les gens
se comportent de cette manière qu’ils le feraient dans n’importe quel cadre
institutionnel.
On peut très bien
imaginez des institutions médiatiques qui élèveraient les capacités de décision
des citoyens sur des thématiques précises à l’inverse des institutions
actuelles qui les transforment en des masses passionnelles sur lesquelles déverser
des torrents de stimuli.
Je vais vous donner un
exemple concret :
-Aujourd’hui, sur la
question du nucléaire, je suis un abrutit. Ce n’est pas en lisant le monde ou
le figaro ou encore en regardant bfm tv que mon état d’abrutit va changer, au contraire,
je le serais d’autant plus que je m’imaginerai connaitre le sujet alors que je
ne ferai que répéter bêtement l’avis d’experts payés par des intérêts dont je
ne connais même pas l’existence.
-Si par contre, vous me
mettez dans les conditions des conventions
citoyennes proposés par Jacques Testart (
par exemple ) , mon niveau de savoir sera tel que, malgré les défauts de ce protocole,
je pourrais prendre une décision
politique en connaissance de cause.
Dans les deux cas, il s’agit
de la même personne : moi. Qu’est ce qui a donc changé ? Les
procédures d’acquisition des informations, de l’organisation du débat et de
votations. Autrement dit, les institutions. Donc, si la population
actuelle est abrutie (sur
des questions spécifiques car abrutit en général, cela n’a pas de sens), ce n’est
pas un fait de nature. L’environnement institutionnel
peut permettre l’éclairage des citoyens qui auront à se prononcer politiquement
sur des thématiques précises.
« Ils ne prennent même
pas le temps de lire le programme politique proposé par les représentants lors
des élections, cela ne les empêche pas d’avoir un avis, bien sûr, mais basé sur
quoi ? Vous pensez vraiment qu’ils vont prendre le temps de participer à
des agoras pour choisir des lois ? »
------> C’est là que le volontariat a toute sa
place : seul ceux qui s’en estiment digne et qui ont la volonté de
sacrifier de leur temps libre à s’informer et à débattre d’une question ont le
droit de se prononcer politiquement sur cette question !
« Est-ce vraiment
possible que les gens soient compétents dans tous les domaines ? »
------> Non mais comme vous le dites, c’est aussi
le cas de nos représentants actuels. Et pourtant ils décident.
Mais la démocratie
directe a des avantages :
-Les institutions
pourraient très bien prévoir la constitution de commissions de citoyens sur les questions les plus complexes. Ainsi,
tous les citoyens n’auront pas à être compétent dans tous les domaines, les
citoyens seront compétents dans le domaine prévue par la commission à laquelle
ils appartiennent.
-Il existe des mécanismes
de contrôle pour que la corruptibilité
de ces commissions soient moindres comparées à celle de nos représentants ,
rien que le fait que ces commissions soient composés de simples citoyens exerçant des mandats courts et non
renouvelables se surveillant les uns les autres et n’ayant aucun intérêt à
aller dans le sens des lobbies fait déjà la différence.
En ce qui me concerne,
la technocratie doit avoir sa place dans les choix politiques de la collectivité
mais elle ne peut pas prendre toute la place. Je suis autant opposé à une
démocratie intégrale qu’à une technocratie intégrale, tout est une question d’équilibre.