Ce qui me semble important est le fait que beaucoup de femmes n’acceptent plus ce qu’elles ont accepté en silence. Et au vu du nombre et du temps passé à cela, ce silence est très particulier. Comment l’expliquer sans parler d’une structure du pouvoir social ?
Je ne sais pas si un homme peut être féministe, avec difficulté certainement, parce qu’il y a, justement, cette structure de pouvoir. Rien que l’adjectif crée une barrière dure, comme on en connait parfois. Il est de fait souvent employé sans qu’on y regarde de près. Certaines idées pourtant qui ont émergé du féminisme, si elles peuvent aborder la sexualité, ne se fondent pas sur une idée de rapport sexualisé : elles participent d’une volonté de faire naître des sujets sociaux, c’est-à-dire des sujets qui ont des rapports autres que purement familiaux ou sexuels avec la société. Le silence que j’évoquais et le « non » récent des femmes.
La structure de pouvoir découverte par les... « féministes » (souvent en fait des intellectuelles, mais voilà l’histoire a ses catégories) est très intéressante. Ce mouvement a proposé des leviers qui concernent aussi les hommes, en ce sens que cette structure de pouvoir s’est révélée être une structure anthropologique, c’est-à-dire qui concerne la façon dont tous nos rapports sont collectivement tissés, hommes et femmes mêlées.
Anthropologique, cela veut que ce sont des éclairages qui justement libèrent et les femmes et les hommes d’une structure de domination archétypale qui étend son emprise bien au-delà des rapports individuels en structurant également des rapports politiques plus larges. Une structure qui de fait nous concerne tous. En somme, et pour être bref, c’est un complément précieux à la structure de classe pour qui s’intéresse à toutes les formes de domination sociale.