Avec la
sereine inconscience de ceux qui osent tout – il l’a dit lui-même, à Ouagadougou « Je
n’ai peur de rien » - , Macron (39 ans) a fait perdre la face à un chef d’Etat
de 60 ans devant huit cents étudiants, plus ou moins contestataires, qui n’ont
pas laissé passer cette occasion de brocarder « leur » président.
Rappelons que si Macron est en fonction depuis six mois, Roch Marc
Christian Kaboré l’est depuis deux ans, et qu’à l’heure où le futur Elyséen
découvrait le théâtre, la turlutte, la brouette japonaise et la paravent guatémaltèque
dans les bras et le plumard de Mme Brigitte Trogneux, le président Kaboré était
premier ministre de son pays.
Insulté par un gamin mal élevé, il s’en est allé en saluant
deux fois de la main, preuve qu’il n’avait pas l’intention de revenir.
On se demande combien ça a coûté pour faire comprendre au
chef de l’Etat burkinabé qu’un clash définitif allait torpiller toute la manœuvre
africaine du Français qui-tient-le-chéquier-par-le-manche ?
Alors, il est revenu, en silence, le président du Burkina
Faso. Mais le mal était fait. Le site des Indigènes de la République parle, ce
matin, d’ « humour colonial ignominieux ».
Depuis quand se
soucie-t-on de ce que disent les Indigènes de la République ?
Ce n’est pas
la question. La question est de savoir combien de millions, de dizaines de
millions, d’Africains ayant eu vent de l’incident, pensent aujourd’hui la même chose ?