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Commentaire de JC_Lavau

sur J'ai acheté des vêtements chinois...


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JC_Lavau JC_Lavau 7 décembre 2017 10:40

@sweach. Du bushcraft, de l’outdoor.

Là où l’on voit qu’il manque encore en Chine une génération d’expérience de la montagne à cette nouvelle classe moyenne, toute récente, est qu’on ne trouve encore sur le marché chinois aucun abri de survie pour conditions météo fortement dégradées. Cf. Dersou Ouzala.

Historiquement la première version est due dans les années trente à l’alpiniste autrichien Zdarsky : une tente de paroi simplifiée. Deux anneaux de sangles aux sommets des pignons pour suspendre à des pitons, deux parois hautes de 180 cm, qu’on peut refermer sous soi par des boutons pression, une ou deux manches à air. Mon abri Zdarsky m’a fait bien de l’usage années 69 à 73, puis il a été volé. Il atteignait ses limites en plateau balayé de neige fondante : on était trop mouillés à l’intérieur.

Version scandinave : le vindsekk, ou sac à vent. OK pour deux voire trois skieurs, sous neige seiche. Ils peuvent s’abriter de la poudrerie, surtout s’ils commencent par creuser à la pelle dans une congère une tranchée dans laquelle ils peuvent s’asseoir jusqu’au retour du beau temps et de la visibilité. Une face en tissu perméable à l’air pour la réalisation Ajungilak, donc ne convient pas sous la pluie.

Version britannique, le bothy-bag. Tailles de 2 à 12 randonneurs. On s’assied à l’intérieur, le temps de laisser passer l’orage ou l’averse ou le coup de vent. Ou de casser la graine et se réchauffer après et avant des passages éprouvants. Pour ma survie sur neige, j’ai pu dormir dans un bothy-bag prévu pour 4. Il faut être déjà vêtu d’imperméables bien siliconés : on récupère en condensation une grande part de la chaleur expirée.

En Suède, Hillerberg vend cher la solution individuelle du bivanorak.
En Norvège, Jervenbag convient aux chasseurs de rennes et à l’armée. Plusieurs tailles, plusieurs thermicités. Trop cher et trop lourd pour être laissé en fond de sac, il faut en avoir l’utilité tous les soirs ou à chaque pause.

Jusqu’à présent, rien de tout cela n’existe sur le marché chinois.
Heureusement la formule historique du Zdarsky est à la portée du bricoleur courageux. Encore faut-il trouver le temps des travaux.


Hergé avait déjà croqué la situation, aux dépens du capitaine Haddock (Tintin au Tibet) : le grand vent est piégeux pour tous ces abris de fortune, il peut vous l’arracher des mains quand vous tentez de le déployer. Il faut avoir amplement anticipé ce genre de difficultés, avec des poignées, des anneaux de sangles, forts ancrages préalables, etc. Un coup de blizzard dans le Telemark (en 2010), et plusieurs skieurs sont morts de froids, incapables de s’abriter. Des techniques qui ne s’improvisent pas, il est trop tard quand la poudrerie est là, et qu’on ne peut trouver aucun bouquet d’arbres.

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