SURREALISME
Quand Magritte, en 1927, peint un tableau qui représente une pipe, où l’on voit plus bas, en calligraphie d’écolier, la mention « ceci n’est pas une pipe », il attire l’attention sur le fait que l’image qui représente une chose n’est pas la chose même. De fait, il ne serait pas possible d’extraire la pipe du tableau pour la bourrer et la fumer.
Ecrire : « Jérusalem n’est pas la capitale d’Israël », alors que s’y trouvent REELLEMENT la Cour suprême, la Knesset et des ministères, ça veut dire quoi ?
Certes on pourrait, en bas d’un tableau représentant Jérusalem, écrire : « Ceci n’est pas Jérusalem ». Ce qu’on verrait, c’est une peinture, et pas la ville même. Mais quand, a contrario, on nie que la ville de Jérusalem soit ce qu’elle est REELLEMENT, et non en image ou en rêve, l’homme civilisé commence à se poser un certain nombre de questions préoccupantes.
Dans le système de pensée des peuples primitifs, il arrive assez constamment que l’on confonde la chose et son image. Les anciens Egyptiens, dans leurs temples, lavaient leurs dieux, les habillaient, les promenaient, leur offraient des victuailles, et les scènes de moisson peintes sur les murs des tombeaux devaient pouvoir nourrir encore le mort s’il advenait que les provisions réelles entassées dans la tombe vinssent à se gâter ou a être dérobées par des pilleurs. La statue du dieu était le Dieu lui-même, et les céréales peintes étaient comestibles.
Chez certains peuples encore moins civilisés que ceux de l’ancienne Egypte, si on avait rêvé qu’on était agressé par son voisin, c’était exactement comme si la chose était arrivée dans le réel et on était donc fondé à se venger, voire à lui casser la gueule par surprise à la première occasion.
Les « Palestiniens », je l’ai écrit trois ou quatre fois ces derniers jours, n’ont jamais eu les yeux en face des trous. Ils vivent dans un monde imaginaire tout à fait archaïque et brutal, qu’ils sont incapables de distinguer du monde réel et civilisé. Comme les enfants en bas âge, Ils prennent leurs désirs pour des réalités et c’est ce qui fait que leurs rêves de toute-puissance finissent invariablement par se retourner contre eux.
La déclaration de Trump avait pour fonction de les extraire de cette illusion calamiteuse, comme on secouerait un dormeur que menace un grand danger. Les Européens, en les encourageant à persévérer dans une névrose obsessionnelle qui confine au délire, ne leur rendent pas du tout service. Nos responsables politiques, qu’il faut donc imaginer comme des pervers un peu sadiques, doivent s’amuser des péripéties absurdes de la chose comme d’un spectacle sans queue ni tête, d’inspiration surréaliste voire dadaïste. Moi, en tout cas, ça ne me fait pas rire.