Bonjour, diogène
Je suis d’accord avec vous.
Dans un article de décembre 2010 intitulé Quel
avenir pour le Bal Nègre ?, je relatais le regard porté durant
les Années Folles sur la négritude en France. C’était l’époque du Bal nègre de la rue Blomet, si couru
par les élites, et de la très populaire Revue
nègre de Joséphine Baker. Une période où l’on entendait chanter ceci (extrait
de l’article en lien) :
« Nègres » et « négros »
étaient d’ailleurs largement évoqués à cette époque dans les sketches et les
chansons que l’on donnait alors dans les nombreux music-halls de la capitale.
En témoignent La
Bambouline dans laquelle Brunw chante « C’est en revenant du Haut-Congo que j’ai rencontré Bamboulino,
une jolie moukère négro... » ou bien encore Félix Mayol
dans la célébrissime Cabane
Bambou « Moi, bon nègre, tout noir,
noir de la tête aux pieds... », sans oublier le non moins célèbre Un soir à La Havane interprété par Berthe Sylva et Fred Gouin : « Un soir à La Havane, un tout petit négro, jouait dans sa cabane,
du banjo... »
Même bien intentionnées, de
telles paroles ont aujourd’hui heureusement disparu, et l’on ne peut que s’en
féliciter tant elles étaient chargées, sinon de racisme, du moins d’une forme
de paternalisme colonial.
Même la très progressiste Simone de Beauvoir avait
écrit dans La Force de
l’âge : « Le dimanche soir, on délaissait
les amères élégances du scepticisme, on s’exaltait sur la splendide animalité
des Noirs de la rue Blomet. »
Autre temps, autre regard. Plus
exigeant, et c’est très bien ainsi. Encore ne faut-il pas pousser le bouchon
trop loin en multipliant les amalgames hasardeux !