@V_Parlier
Bisasse en 70 (j’avais
refusé de faire les EOR, bien que diplômé, et ma fiche d’agitateur 68 tard m’avait
expédié dans une compagnie de chars - de chasseurs - dite « bataillon
disciplinaire », ce qui je crois ne voulait pas dire grand-chose) ma Compagnie
était composée de « souchiens ». Certains revenaient d’Afrique, où un
juge les avait expédiés comme soldat plutôt qu’en prison, afin de préparer un
retour dans la vie civile. La discipline était respectée, certains adjudants,
anciens de la guerre d’Algérie, ayant des arguments frappants. Le capitaine de
la compagnie - un Berbère - était assez redouté. Il se disait que le bidasse
convoqué pour faire son lit devait passer à la casserole. Rumeur non confirmée,
car le bidasse d’origine paysanne chargé systématiquement de cette corvée était
très discret et restait muet à ce sujet. Plus que les officiers, ce sont les gendarmes
du coin qui maniaient les sanctions, quand quelques villas des alentours
venaient d’être cambriolées. Ils faisaient irruption dans la compagnie avec des
arguments frappants pour boucler leurs enquêtes. De cette année « sous les
drapeaux », je garde le souvenir de très longues marches, de cigarettes
Gauloise distribuées gratuitement, de milliers de Kro absorbées le soir avec
les copains, de longues heures d’ennui à monter des gardes. Pas un trop mauvais
souvenir dans l’ensemble, les gars de toutes origines s’entendant assez bien
dans l’ensemble, et respectant l’autorité militaire. Mais les regroupements et
affinités communautaires n’existaient pas encore.