@marc dublanc
Bonsoir et merci pour votre intéressante contribution dont je donne ici l’entière restitution :
Certains se demandent
encore comment la crise financière, puis économique,
a pu éclater, engendrant la ruine. Ils s’étonnent
de voir les banques, principalement américaines, faire
de nouveau des profits quand, quelques mois plus tôt, il
fallait recourir aux fonds publics pour les sauver du désastre.
Cet article apporte les réponses.
Premier point, certes le renflouement des banques
s’est avéré nécessaire, pour éviter
l’effondrement de l’économie américaine
et mondiale. Mais, comme le prouve la bonne santé retrouvée
des établissements financiers, c’est d’abord
à eux qu’a profité celui-ci.
Pour que ce renflouement ait lieu,
il fallait dans l’appareil d’État américain
des acteurs capables de convaincre les décideurs du pouvoir
exécutif.
Un rapide survol des hommes en place
au moment de la crise s’avère éloquent. Le
dernier ministre des finances de George W. Bush s’appelait
Henri Paulson. Ancien PDG de la banque Goldman Sachs,
il apparaît comme l’organisateur du renflouement des
banques et, en premier lieu de son ancienne maison. Il n’était
pas seul. Joshua Bolten, lui aussi un ancien de Goldman
Sachs, occupait les fonctions de directeur de cabinet de
Bush. Même itinéraire pour Mark Patterson,
chargé des finances auprès de Bush.
Goldman Sachs
apparaît comme le point de passage obligé pour beaucoup
de responsables de la finance américaine. Robert Rubin,
ministre des finances sous Bill Clinton, y a passé
26 ans avant de prendre la direction de la banque Citigroup.
John Tain en a été l’employé
avant de devenir le patron de Merryl Lynch. Comme Robert
Steel, devenu le boss du holding bancaire Wachovia.
Goldman Sachs
est née 1869, créée par Marcus
Goldman, un immigrant juif venu d’Allemagne, bientôt
associé avec son gendre Samuel Sachs. Ils ont d’abord
fait fortune en prêtant de l’argent à court
terme. Puis la folie spéculative des années
20 est arrivée. Goldman Sachs a appelé les
épargnants, petits et grands, à investir dans les
« trusts ».
Le premier trust s’appelait «
Goldman Sachs Trading Corporation ». La banque
émit des actions à 100 $, les acheta toutes
et les revendit à 104 $. Puis, à chaque
fois que l’une d’elle réapparaissait sur le
marché, elle la rachetait, maintenant la demande et poussant
le prix à la revente.
Cédant enfin une partie de ses
avoirs, Goldman Sachs créa un nouveau trust, Sherandoah
Corporation. Blue Ridge Corporation prit ensuite la
relève. Une pyramide de sociétés d’investissements,
imbriquées les unes dans les autres se mettait en place.
Un montage fragile, puisqu’il suffisait que la confiance
des acheteurs d’actions manquât à l’égard
d’un trust, pour que l’ensemble s’effondre, laissant
les actionnaires ruinés.
Pour la banque, en revanche, l’affaire
se révélait juteuse. Quand elle mettait un $ sur le marché,
de fait elle en empruntait neuf aux actionnaires en leur donnant
une action qui, finalement, ne valait pas plus que le papier. Puis, avec les dix $, elle en empruntait
90. Avec les 100 $ totalisés, elle passait
à 900 $. Tant que le public payait, la pyramide
ne cessait de se gonfler. Problème, ce n’était
pas une pyramide de richesse, mais une accumulation de dettes.
Avec la crise de 1929, tout
a explosé. Comme d’autres, Goldman Sachs,
disposant de réserves accumulées, a survécu,
sortant plus riche de la crise grâce à l’argent
subtilisé aux actionnaires.
On peut dire qu’avant le crack de 1929, les années
20 ont vu naître la première bulle financière,
créée par Goldman Sachs et ses comparses. Pendant
plus de soixante ans, néanmoins, la banque résista
aux démons, se taillant même la réputation,
semble-t-il justifiée, d’un établissement
respectueux de la déontologie bancaire.
L’effondrement de l’empire
soviétique a-t-il engendré la croyance que tout
devenait possible pour le capitalisme sauvage ? En tout cas,
au début des années 90, la position de Goldman
Sachs changea. En 1996, elle introduisait en bourse
Yahoo, société travaillant sur Internet.
Rapidement, sur le marché, elle devint le principal lanceur
d’entreprises de ce nouveau média. En 1997, elle
portait en bourses 24 sociétés Internet.
La nouvelle bulle était née.
Mais qu’est-ce
qu’une « bulle financière » ?
Simplement un ensemble de biens dont on fait grimper artificiellement
la valeur réelle. Les détenteurs de parts de ce
bien se croient plus riches qu’ils ne le sont jusqu’à
ce que, une crise de confiance éclatant, les cours s’effondrent.
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