@marc dublanc
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http://www.recherches-sur-le-terrorisme.com/Analysesterrorisme/crise-financiere-responsabilite-banques.html
Matt Taibbi,
journaliste américain qui a bien compris ce fonctionnement,
compare ces produits surévalués à une pastèque
qu’un banquier lancerait du haut d’un immeuble enveloppée
dans un beau papier. Ventant son produit, le banquier le mettrait
en vente au plus offrant, rachetant et revendant toujours à
la hausse. A ce jeu, le perdant est le dernier acquéreur,
qui voit la pastèque éclater sur le trottoir, le
laissant les poches vides.
La bulle Internet a bien été
montée sur ce modèle. En 1997, sur les 24
sociétés introduites en bourse par Goldman Sachs,
un tiers perdait de l’argent. En 1999, avant l’éclatement
de la bulle, la banque portait en bourse 47 nouvelles entreprises
dont certaines étaient en quasi faillite, comme E-Toys
et Webvan. Pourtant, les actions montèrent en moyenne
de 281%, par rapport à leur prix d’introduction.
Un record. Pas mal pour un panier contenant une forte proportion
de fruits pourris.
Pour obtenir de tels résultats,
Goldman Sachs utilisait des méthodes très
particulières. Faisant le tour des investisseurs potentiels
avec le représentant de la société à
introduire en bourse, un responsable de la banque promettait
des actions au prix de lancement. En échange, l’investisseur
s’engageait à acheter d’autres actions plus
tard.
La banque s’assurait ainsi d’un
flux de demandes d’achat d’actions pour pousser leur
valeur à la hausse. Au passage, Goldman Sachs récupérait
une commission de 6 à 7% du capital récolté
en guise de commission. Dès le départ, elle assurait
ainsi son profit.
La bulle du Net éclata en mars
2000, provoquant sur le seul NASDAQ (1)
la disparition de 5 mille milliards de dollars. Mais déjà
les banquiers, Goldman Sachs en tête, avaient trouvé
une nouvelle bulle à gonfler : le crédit immobilier.
Aux États-Unis, ce marché
est normalement régi par des règles strictes. L’emprunteur
doit disposer d’au moins 10% d’apport personnel et
présenter des garanties de remboursement. Au tournant
du troisième millénaire, les banques se
firent soudain moins regardantes, offrant des prêts à
la construction à des gens incapables de faire face aux
échéances.
Goldman Sachs
lança alors des produits appelés CDO, en
fait des obligations (2), gagées
sur les prêts immobiliers, dont beaucoup étaient
véreux. Puis, comme d’autres banques, elle revendit
ces CDO aux investisseurs, principalement les compagnies
d’assurances, des fonds de pensions et d’autres banques.
Le système des subprimes était né dont l’explosion,
en 2008, devait provoquer une crise mondiale.
Ce type de manipulations avaient déjà
provoqué des catastrophes par le passé (3).
Percevant le danger de ces CDO, la présidente du
CFTC (4), Brooksley Born,
recommanda avec le bureau de la comptabilité du gouvernement
de réglementer plus sérieusement les CDO.
Mais les banques, avec les hommes de
Goldman Sachs, montèrent au créneau. Alan
Greenspan et Robert Rubin (5) avec quelques autres,
firent obstacle aux recommandations de la CFTC (4) et
obtinrent une loi « de modernisation des transaction
à terme », en 2000. Les banques pouvaient
désormais acheter et vendre les emprunts douteux en toute
liberté.
La soif d’argent des banquiers
et des spéculateurs restant inassouvie, début 2008,
Goldman Sachs et consort se tournèrent du côté
du pétrole. On se souvient de l’explosion des prix
de l’or noir à cette époque. Or, non seulement
l’offre avait augmenté, mais la demande s’était
tassée. En termes d’économie, le pétrole
aurait dû baisser et cette tendance s’afficher à
la pompe. Que s’est-il passé ?
Le procédé est simple.
Aux États-Unis, la loi autorise un agriculteur
à vendre sa production à un spéculateur
avant la récolte. Cela lui permet de s’assurer un
acheteur et d’éviter de se voir obligé de
vendre à bas prix quand le blé et le maïs
arrivent en masse sur le marché.
Toute l’habileté de Goldman
Sachs a consisté à obtenir une exemption du
gouvernement, pour appliquer la réglementation réservée
à l’agriculture à certaines matières
premières, dont le pétrole. Résultat, entrant
dans le circuit de la spéculation, l’or noir permit
la naissance d’une nouvelle bulle financière. Ainsi,
en 2008, sur le papier, un baril de pétrole, passant
de spéculateur en spéculateur, changeait en moyenne
27 fois de main avant d’être livré à
la raffinerie.
Comme pour mieux signer le délit,
dans le même temps, Arjun Murti, un analyste de
Goldman Sachs, lançait des alertes à la
pénurie mondiale de pétrole, quand la banque savait
pertinemment l’offre en léger excédent. Puis,
rattrapé par la vérité, la bulle de l’or
noir éclata et les prix plongèrent de 147 $
le baril à 33 $. La pastèque était
arrivée au sol !
Prenant connaissance du comportement
et des méthodes employées par les banquiers de
Wall Street, sans doute comprendrez-vous pourquoi nous tremblons,
nous remémorant les propos de David Rockefeller le 8 juin
1991, à ESSEN : « Le monde est maintenant plus
sophistiqué et disposé à marcher vers un
gouvernement mondial. La souveraineté supranationale d’une
élite intellectuelle et des banquiers mondiaux est sûrement
préférable à l’autodétermination
nationale que l’on pratiquait dans les siècles passés...
»
Notes
(1) NASDAQ : deuxième marché
d’actions des États-Unis et indice boursier.
(2) Une obligation est un titre de créance qui peut faire
l’objet d’une cotation en bourse.
(3) Le comté d’Orange (Californie), acquéreur
de tels produits, avait dû se mettre en cessation de paiement
en 1994. Procter et Gamble, d’une part, Gibson Greetings,
d’autre part, avaient eux aussi perdu beaucoup d’argent.
(4) « Commodity Futures Trading Commission »,
agence du gouvernement américain chargée d’interdire
les contrats frauduleux.
(5) Alan Greenspan, alors président de la Réserve
fédérale. Robert Rubin, ancien vice-président
de Goldman Sachs, comme nous l’avons vu plus haut, servait
comme ministre des Finances.
Centre
de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 20