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Commentaire de Christian Labrune

sur Monsieur le ministre de l'Éducation nationale, monsieur Jean-Michel Blanquer !


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Christian Labrune Christian Labrune 2 février 2018 11:49

nous ne savons pas ce qu’est la conscience
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@Pascal L

Nous savons très bien ce que c’est que la conscience ! Et il y a plusieurs niveaux. Je viens d’aller acheter mes cigares au tabac du coin. J’étais très bien conscient d’être dans mon quartier : rien ne me surprenait autour de moi, mais je n’étais pas plus conscient de ce que j’étais en train de faire qu’un chien ou qu’un chat dans l’espace qu’il a mille fois parcouru. A quoi pensais-je ? Je ne saurais même pas le dire. Evidemment, lorsque je vous écris ça, je fais retour sur moi-même, je suis tout à fait conscient d’être un sujet pensant très capable de savoir que les trois quarts du temps il ne pense pas grand chose. C’est ce que les philosophes appellent la conscience réflexive dont sont probablement privés les animaux qui sont tout en bas de l’échelle des espèces. Au niveau de conscience le plus élevé, il y aurait ce que Husserl appelle l’épochè, la suspension de la thèse du monde, mais il faut bien reconnaître que l’homme ordinaire, qui n’a même pas le vocabulaire technique pour manipuler ces concepts, ne se pose pas souvent la question de savoir s’il existe dans un monde existant.

Vous écrivez : « Je ne pense pas que la conscience naîtra spontanément à partir de quelque chose qui n’est pas la conscience ». C’est exactement le contraire de ce que pensent les neurologues et les cybernéticiens : la conscience est une émergence de la complexité des systèmes. Il ne peut être question de la programmer dans un logiciel comme on programme une machine outil pour repérer la forme d’une pièce d’acier, la saisir, l’immobiliser dans la bonne position pour percer un trou au bon endroit. Quand on met en interaction des colonies de petits robots même rudimentaires, programmés pour jouer au football par exemple, et munis d’un peu de mémoire, on observe très vite des comportements collectifs adaptatifs que les programmeurs n’avaient jamais prévus. Pendant très longtemps, la structure interne des processeurs était très inférieure en complexité à celle d’un encéphale humain, mais l’écart se réduit de plus en plus. Dans très peu d’années, la complexité des machines dépassera celle de notre cerveau (et je ne parle pas de l’ordinateur quantique, qui commence à n’être plus une simple hypothèse théorique). Par conséquent, il est facile de prévoir que les machines vont très vite nous dépasser, dès qu’elles auront la capacité de comprendre le langage naturel et d’exploiter l’immense base de connaissances que constitue l’internet. Or, il existe déjà chez Microsoft des systèmes qui permettent avec une excellente fiabilitié la traduction assez exacte des langues : vous parlez dans un micro connecté à une tablette, et la traduction en chinois s’écrit immédiatement dessus. Votre interlocuteur chinois vous répond et vous lisez au fur et à mesure la traduction en français. L’apprentissage des langues, dans dix ans, sera devenu totalement inutile.

Vous allez bientôt voir apparaître des caméras intelligentes qui pourront non seulement vous envoyer bêtement des images mais pourront vous décrire en langage naturel ce qu’elles « voient », comme quelqu’un qui vous parlerait au téléphone, mais la description sera beaucoup plus précise : votre interlocuteur vous dirait : je vois une foule. La caméra intelligente vous dira : il y a 183 personnes rassemblées sur environ 312 mètres carrés. Des milliers de systèmes de cette sorte interconnectés constitueront une espèce de conscience. Très différente de la nôtre probablement, mais la différence en terme de précision et de rapidité dans la prise des décisions risque fort de n’être pas du tout en notre faveur !

 


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