@Gérard Luçon
Prière trouver ici un lien sur de ce Discours, un chef d´oeuvre.
Monsieur le Président du Gouvernement de la République Française,
Dans la vie des Nations et des Peuples, il y a des instants qui
semblent déterminer une part décisive de leur Destin ou qui, en tout
cas, s’inscrivent au registre de I’Histoire en lettres capitales autour
desquelles les legendes s’édifient, marquant de manière particulière au
graphique de la difficile évolution humaine, les points culminants, les
sommets qui expriment autant de victoires de l’Homme sur lui-même,
autant de conquêtes de la Société sur le milieu naturel qui l’entoure.
Monsieur le Président, vous venez en Afrique précédé du double
privilège d’appartenir à une légende glorieuse qui magnifie la Victoire
de la Liberté sur l’asservissement et d’être Ie premier Chef du
Gouvernement de la République Française à fouler le sol de Guinée. Votre
présence parmi nous symbolise non seulement la « Résistance » qui a vu
le triomphe de la Raison sur la force, la Victoire du Bien sur le mal,
mais elle représente aussi, et je puis même dire surtout, un nouveau
stade, une autre période décisive, une nouvelle phase d’évolution.
Comment le peuple africain ne serait-il pas sensible à ces augures, lui
qui vit quotidiennement dans l’espoir de voir sa dignité reconnue, et
renforce de plus en plus sa volonté d’étre égal aux meilleurs ?
La valeur de ce peuple, Monsieur le Président, vous la connaissez
sans doute mieux que nul autre, pour en avoir été juge et témoin aux
heures les plus difficiles que la France ait jamais connues. Cette
période exceptionnelle à l’issue de laquelle la liberté devait resurgir
avec un éclat nouveau, une force décuplée, est marquée par l’homme
d’Afrique d’une manière toute particulière, puisqu’il a, au cours de la
dernière guerre mondiale, rallié, sans justification apparente, la cause
de la Liberté des peuples et de la Dignité Humaine.
A travers les vicissitudes de l’Histoire chaque peuple s’achemine
vers ses propres lumières, agit selon ses caractéristiques particulières
et en fonction de ses principales aspirations sans qu’apparaissent
nécessairement les mobiIes réels qui le font agir.
Notre esprit, pourtant rompu à la logique implacable des moyens et
des fins, ainsi qu’aux dures disciplines des réalités quotidiennes, est
constamment attiré par les grandes nécessités de l’Elévation et de
l’Emancipation Humaines. L’épanouissement des valeurs de l’Afrique est
freiné, moins à cause de ceux qui les ont façonnées, qu’à cause des
structures économiques et politiques héritées du réginne colonial en
désequilibre avec ses aspirations d’avenir.
C’est pourquoi nous voulons corriger, non par des réformes timides
et partielles, mais fondamentalement, ces structures afin que le
mouvement de nos sociétés suive la ligne ascendante d’une constante
évolution, d’un perpétuel perfectionnement.
Le Progrès est en effet une création continue, un développernent
ininterrompu vers le Mieux, pour le Meilleur. Etape après étape, les
sociétés et les peuples élargissent et consolident leur droit au
bonheur, leurs titres de dignité, et développent leur contribution au
Patrimoine économique et culturel du monde entier.
L’Afrique Noire n’est pas différente en cela de toute autre société
ou de tout autre peuple. Selon nos voies propres, nous entendons nous
acheminer vers notre bonheur et cela avec d’autant plus de volonté et de
détermination que nous connaissons la longueur du chemin gue nous avons
à parcourir.
La Guinée n’est pas seulement cette entité géographique que les
hasards de l’Histoire ont délimitée suivant les données de sa
colonisation par la France, c’est aussi une part vive de l’Afrique, un
morceau de ce continent qui palpite, sent, agit et pense à la mesure de
son destin singulier. Mais aussi vaste que soit notre ère
d’investigation, aussi étendu que soit notre champ d’action, cela est
insuffisant en regard de nos propres exgences d’évolution.
Pour y répondre, nous devrons engager non seulement l’ensemble de
nos potentialités propres, mais encore tout ce qui constitue les biens
et les connaissances universels, lesquels chaque jour se développent et
s’accroissent de manière inappréciable.
A travers le désordre moral dû au fait colonial et à travers les
contradictions profondes qui divisent le monde, nous devons taire les
pensées idéales afin de serrer au plus près les possibilités réelles,
les moyens efficaces et imrnédiatement utilisables ; nous devons nous
préoccuper des conditions exactes de nos populations afin de leur
apporter les éléments d’une indispensable évolution, sans laquelle le
mieux-être qu’elles prétendent légitimement obtenir ne pourrait être
créé. Si nous ne nous employions pas à cette tâche, nous n’aurions
aucune raison de vouloir remplir les fonctions dont nous avons la
charge, aucun droit à la confiance de nos populations. C’est parce que
nous nous interdisons de confisquer à notre profit la souveraineté des
populations guinéennes, que nous devons vous dire sans détour, Monsieur
le Président du Conseil, les exigences de ces populations pour qu’avec
elles, soient recherchées les voies les meilleures de leur Emancipation
totale.
Le privilège d’un peuple pauvre est que le risque que courent ses
entreprises est mince, et les dangers qu’il encourt sont moindres. Le
pauvre ne peut prétendre qu’à s’enrichir et rien n’est plus naturel que
de vouloir effacer toutes les inégalités et toutes les injustices. Ce
besoin d’égalité et de justice nous le portons d’autant plus
profondément en nous, que nous avons été plus durement soumis à
l’injustice et à l’inégalité. L’analyse logique et une connaissance de
plus en plus grande de nos valeurs particulières, de nos moyens
potentiels, de nos possibilités réelles nous laissent cependant exempts
de tout complexe et de toute crainte : nous sommes uniquement préoccupés
de notre avenir et soucieux du bonheur de notre peuple. Ce bonheur peut
revêtir des aspects multiples et des caractéristiques diverses selon la
nature de nos aspirations, de nos désirs, selon notre état propre ; il
peut être aussi bien une chose unique qu’un faisceau de mille choses,
toutes également indispensables à sa réalisaton. Nous
avons, quant à nous, un premier et indispensable besoin, celui de notre
Dignité. Or, il n’y a pas de Dignité sans Liberté, car tout
assujettissement, toute contrainte imposée et subie dégrade celui sur
qui elle pèse, lui retire une part de sa qualité d’Homme et en fait
arbitrairement un être inférieur. Nous préférons la Pauvreté dans la Liberté la Richesse dans l’esclavage.
Ce qui est vrai pour l’Homme l’est autant pour les sociétés et les
peuples. C’est ce souci de Dignité, cet impérieux besoin de Liberté qui
devait susciter aux heures sombres de la France les actes les plus
nobles, les sacrifices les plus grands et les plus beaux traits de
courage. La Liberté, c’est le privilège de tout homme, le droit naturel
de toute société ou de tout peuple, la base sur laquelle les Etats
Africains s’associeront à la République Francaise et à d’autres Etats
pour le développement de leurs valeurs et de leurs richesses communes.
Monsieur le Président, ous me permettrez de rappeler un passage du
discours que j’ai prononcé à l’occasion de la visite récente d’un
Représentant du Gouvernement Français, M. Gérard Jaquet, ancien Ministre
de la France d’Outre-Mer.
Notre option fondarnentale qui, à elle seule, conditionne les
différents choix que nous allons effectuer, réside dans la
décolonisation intégrale de l’Afrique : ses hommes, son économie, son
organisation administrative, et, en vue de bâtir une Communauté
Franco-Africaine solide et dont la pérennité sera d’autant plus garantie
qu’elle n’aura plus dans son sein des phénomènes d’injustice, de
discrimination ou toute cause de dépersonnalisation et d’indignité.
En effet, le monde évolue rapidement et les impératifs de la vie
moderne posent avec brutalité le problème du choix entre la stagnation
et le progrès, entre la division des peuples et leur union fraternelle,
entre l’esclavage et la liberté, enfin entre la guerre et la paix.
Pour l’Afrique Noire d’influence française, ces problèmes doivent
être abordés avant tout avec un esprit réaliste, compréhensif. Notre
coeur, notre raison, en plus de nos intérêts les plus évidents, nous
font choisir, sans hésitation, l’interdépendance et la liberté dans
cette union, plutôt que de nous définir sans la France et contre la
France. Et c’est en raison de cette orientation politique que nos
exigences doivent être toutes connues pour que leur discussion soit
facilitée au maximum.
06/02 13:49 - Durand
@Paul Leleu « Mais De Gaulle n’en avait rien à foutre du peuple... » Le manichéisme (...)
06/02 13:18 - Durand
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06/02 12:27 - Gérard Luçon
@microf il a été accepté sur RI https://reseauinternational.net/un-discours-premonitoire/
06/02 09:11 - Gérard Luçon
@microf Bonjour, j’ai repris le discours et ai souligné quelques passages je viens de le (...)
05/02 21:24 - Fifi Brind_acier
@microf Je crois que vous vous trompez sur 2 points : 1- Avant de Gaulle, la colonisation, ce (...)
05/02 17:21 - L’enfoiré
@Tall T’as raison, il faut de la tune dans le pays de Donald. C’est le bon moment (...)
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