Article intéressant
mais il y’a toujours la même erreur que l’on peut voir partout à savoir que les
Kurdes Syriens du YPG (et du YPJ) à l’instar des Kurdes
Irakiens du PDK souhaiteraient un Kurdistan indépendant. Ce n’est pas le cas
pour deux raisons :
-D’abord parce qu’ils ont bien vu que la
tentative d’indépendance du Kurdistan irakien sous la direction du PDK après le
référendum a été un échec cuisant, tant sur le plan militaire que diplomatique.
Et l’YPG ne veut pas refaire la même erreur.
-Ensuite et principalement parce qu’ils
se sont éloigné idéologiquement du nationalisme Kurde et du modèle de l’Etat
nation (c’est d’ailleurs une des raisons de leur brouille avec le PDK , ils ne
s’entendent pas du tout ), ils ne mettent pas leur identité kurde en avant ,
ils se considèrent comme des Syriens et préfèrent se concentrer sur la mise en
place d’un écosystème sociopolitique autogestionnaire dans le Rojava avec à la
base des communes populaires selon les principes de l’américain Murray
Bookchin. D’autant plus que les zones qu’ils contrôlent sont habitées par une
grosse proportion de population non kurde, et dans ce contexte, le nationalisme
kurde serait une épine dans le pied. Le but de l’YPG est
de négocier avec le régime syrien un accord global pour une nouvelle
constitution d’une Syrie fédérale qui leur permettrait de sauvegarder leurs
acquis politiques. Ce n’est pas qu’ils font confiance aux américains, ils ne
sont pas idiots, ils savent bien que les américains se foutent de leur projet
politique et qu’ils les utilisent pour menacer le corridor stratégique reliant
l’Iran à la Méditerranée d’une part et d’autre part pour empêcher une victoire
militaire du régime syrien et constituer une opposition pour faire pression en
vue d’un accord diplomatique sur le futur de la Syrie conditionné par le départ
du président Assad. C’est une alliance tactique qui leur permet d’avoir du
poids sur le théâtre syrien, ils ont leur propre agenda. En ce sens, il n’y a
pas que les américains qui se servent d’eux, eux aussi se servent des
américains. D’ailleurs le YPG a de bonnes relations avec la Russie ( qui
est aussi en faveur d’une constitution fédérale car consciente que la victoire
militaire est impossible ) et ne s’est jamais attaqué ouvertement au
gouvernement central syrien (à l’exception de Hassaké). Le YPG ne s’est pas gêné de réclamer la médiation russe
lorsque les troupes turques ont pénétré le territoire qu’il contrôle, ils ont
même sollicité l’aide du gouvernement et de l’armée arabe syrienne, réclamant
leur intervention à Afrin.