@Philippe VERGNES
Mais alors, ne peut-on pas dire que c’est le vide intérieur plutôt que le désir ou la mimesis qui est apparu le premier ?
Oui je vous rejoins tout à fait. C’est bien le vide intérieur qui engendre des désirs d’autant plus multiples que ce vide est grand. Mais le pire est ceux qui imitent d’autres pour avoir des désirs qu’ils sont incapables d’avoir par eux-mêmes.
J’ai donné l’exemple de la montre de Macron qui a quelque chose de pitoyable de personnes réduites à imiter quelqu’un (d’autant qu’il s’agit ici presque d’un contre-modèle) et qui aboutit à ce que cette montre soit en rupture de stock. Ou encore ceux qui se coiffent comme Elvis Presley, là encore pour avoir une « existence » (sinon ils n’existent pas).
Néanmoins il existe une catégorie de personnes qui peuvent avoir des désirs forts et multiples, ceux-ci étant toutefois relativement maîtrisés et faisant partie d’une économie globale de l’être en voie d’accomplissement. Et qui en sont conscients. J’y rangerai Nietzsche qui considérait les désirs sous cet angle là. Mais il s’agit là d’une élite bien évidemment. La plupart des gens ont des désirs incohérents, qu’ils ne maîtrisent pas, qui les ballottent de ci, de là… Lire la description de Sénèque de ces gens là dans son De la tranquillité de l’âme. Le stoïcien visait une équanimité, un calme des passions… Bien évidemment il était hors de question d’imiter qui que ce fut hormis les âmes d’élite.
Le bouddhisme met à la racine du désir, l’oubli. Sous entendu l’oubli de notre nature fondamentale qui est plénitude totale.
C’est cet oubli qui génère la poursuite perpétuelle de quelque chose d’autre afin de combler ce vide… tellement l’âme est persuadée qu’il lui faut quelque chose d’autre, à l’extérieur, pour pleinement être.