@rosemar
certes... mais comme disent les autres commentaires, ce n’est pas de la faute des hommes si les femmes s’auto-censurent, ou bien si elles n’ont pas beaucoup « de goût pour l’empoignade verbale » (comme dit justement Cateaufoncel).
Simone de Beauvoir disait quelque chose de très juste (il me semble) dans Le Deuxième Sexe. Comme la vie est dure pour tout le monde (hommes et femmes), alors les femmes ont toujours la tentation de se replier sur les positions traditionnelles. Alors que l’homme n’a guère le choix, socio-culturellement, il est obligé d’aller de l’avant, la femme, elle, peut trouver dans le « repli traditionnel » un refuge face aux difficultés de la vie. C’est ce qui expliquerait la tendance statistique des femmes in fine à « jouer la femme », y compris en se soumettant socio-culturellement.
Il y a aussi la question de la « séduction » qui explique cette difficulté des femmes à s’imposer suffisament dans le débat intellectuel. Il est difficile de conciler séduction et intégrité. Hors, il y a une conjonction entre le modèle que l’on donne au femme d’une part (la séduction), et la « facilité provisoire » qu’offre la séduction aux jeunes femmes dans les premiers temps de la vie sociale. C’est une mauvaise manie dont il est très difficile de se remettre par la suite.
Beaucoup de femmes « jouent sur les deux tableaux » dans les premiers temps de la vie sociale. Et le modèle socio-culturel féminin post-moderne, qui va de Brigitte Bardot aux héroïnes d’Harvey Weinstein pousse de nombreuses jeunes femmes à ce « cynisme inavoué ». Quel homme n’a jamais été « un peu lourd » dans sa drague ? Mais quelle femme n’a jamais « charmé un peu », un jour que ça lui était utile ?
On peut effectivement mesurer que Brigitte Bardot représente un sacré recul par rapport à Rosa Luxembourg ou Marie Curie ! On était au début du maccarthysme et de la réaction néolibérale.
Beaucoup de femmes de tous âges refusent de croire, de comprendre, d’accepter qu’une femme intelligente et intègre est séduisante. En miroir, les hommes sont également aliénés par l’injonction sociale de « posséder une jolie femme » pour vraiment « être quelqu’un ».
Grandissant tiraillées par ce modèle de nombreuses femmes ne mettent pas tout à fait toute l’ardeur nécessaire dans leur travail intellectuel. Elles peuvent faire de beaux parcours diplômés, mais être incapables de se projeter « virilement » (le mot est maladroit) dans la vie active, et surtout dans la création intellectuelle au sens large. N’ayant pas vraiment tranché leur choix entre séduction et intégrité, de nombreuses femmes restent « entre deux chaises », peinant à prendre toute leur place dans le débat intellectuel.
Puis, comme le dit Beauvoir, les difficultés de la vie passant sur les femmes (comme sur les hommes), la tentation s’ajoute de se tenir en marge du débat, et pourquoi pas de se trouver « un homme rassurant » qui répond à leurs angoisses.
De leur côté, les hommes affrontent les mêmes difficultés de vie, et ils ne peuvent pas jouer les « mignones » dans les premiers temps de la vie sociale (à moins de faire les mignons, ce que certains font à un moment par choix ou par nécessité), mais ils n’ont « pas le choix » d’aller pleinement de l’avant. Leur modèle socio-culturel plus dur les y oblige. Ils doivent s’affirmer, d’une manière ou d’une autre. C’est aussi très violent à vivre. Mais c’est ainsi (combien de femmes iraient vraiment avec un homme qui n’est « pas dans le coup » socio-culturellement ?).
Avec l’âge, la dureté de leur condition a conduit statistiquement les hommes à plus « d’habileté » à faire valoir leurs idées et plus de « plaisir » à être créatifs.
De leur côté, les femmes sortent des années de prime jeunesse avec une culture ambiguë entre la séduction et l’intégrité intellectuelle, et un moindre entrainement à la « bagarre ». C’est aussi l’âge où les femmes ont peur de ne plus plaire toujours, l’âge où « il est temps » de faire des enfants (par désir ou par pression sociale), et où les parents coupent les vivres et que la vie professionnelle apparait dans toute sa crudité et ses désillusions. Il faut alors vraiment une double-dose de courage à une femme pour continuer pleinement à « se battre » socialement (et chapeau à celles qui le font).
Bon... c’est juste un point de vue.