KONYL pose la question : « pourquoi y rester ? »
C’est là que tout se noue en effet. Ce contributeur semble avoir pour notion du travail le simple rapport gains/difficultés, d’où la question dont il espère faire un argument massue.
Le cheminot (e), et bien d’autres, n’a pas un travail, mais un métier. C’est à dire qu’il ne vient pas subir certaines contraintes pour en tirer les moyens de ses plaisirs, même s’il tient à être rémunéré, mais qu’il prend son SERVICE pour y accomplir son DEVOIR d’homme et de citoyen.
Et si cela exige de lui qu’il endure les rythmes, les bruits, les inconforts, il trouve sa récompense dans la joie de maîtriser sa locomotive, et de l’aider à emmener son convoi, si rapide ou si lourd soit-il en anticipant les pièges du profil, et de la météo. Et s’i lui faut dans la neige, descendre sur le ballast couper le train en deux, le monter par moitiés jusqu’au sommet de la rampe, le reformer et finir l’étape au bout de la nuit, il atteint au bonheur d’avoir fait ce qu’une bête n’aurait pas fait.
C’est quelque chose comme manœuvrer au palan les chaudrons d’acier en feu en aciérie, vêler la vache « à la brouette » au fil de la nuit au fond de l’étable en campagne, bref, aller au bout sans plainte ni récompense, juste parce que quelqu’un doit le faire.
Difficile à imaginer pour les manieurs de plume (toute révérence gardée pour les nuits blanches de Balzac) et les massacreurs de claviers, tout petits hommes qui grouillent en croyant vivre.