De l’anarchie à la révolution
Notre mission : un nouveau Pacte avec la République
La grève continue ! Les barrages entravent toujours la liberté de circulation.
Le droit de grève fait opposition au droit de vote. Le suffrage
universel perd sa substance représentative et son sens démocratique.
Malgré une timide reprise du dialogue, les dénégations l’emportent sur
les affirmations. Selon toute vraisemblance, les radicaux dirigent le
Mouvement populaire. Le leitmotiv, « durcir le rapport de force »,
indique qu’aucun consensus n’est possible sous leur férule. Des voix, de
plus en plus nombreuses, s’élèvent pourtant pour dénoncer le
pourrissement de la grève. Ce n’est pas, semble-t-il, son caractère «
générale » qui pose problème, mais sa particularité « illimitée ».
Présentée par ses promoteurs comme « révolutionnaire », la Protestation
légitime est tombée dans « l’anarchie », par manque de prévision. Pour
beaucoup d’entre nous, la grève contre les violences a pris des allures
violentes, la dénonciation de l’insécurité utilise les outils de
l’insécurité et emprunte son langage.
Comment en est-on arrivé là ?
Des observateurs attentifs s’inquiètent de cette dérive, apparemment
inattendue. Or, expression d’un ras-le-bol, la nature même du mouvement
social est spontanée, sa qualité réside dans l’absence de règle établie,
de ligne directrice, de chef incontesté. Sa force tient dans la
mobilisation de tous, dans l’écœurement commun, dans le sacrifice
collectif, son organisation fondée sur la solidarité villageoise lui
donne la capacité de durer.
Lees barrages perdurent pour la simple
raison que tout le monde a le pouvoir de faire et de dire, à condition
que l’acte et l’expression soient solidaires. La multiplicité des
référents brouille les messages, elle n’autorise aucune initiative
personnelle. Pour preuve, l’annonce de fin de grève a été considérée
comme une maladresse, l’auteur fautif a dû se rétracter, faire amende
honorable et garder le silence. Ce silence contraint par des événements
imprévisibles, et forcé par la méconnaissance des responsabilités de
chacun, ne dit rien qui vaille ; il n’annonce rein de bon, il montre
seulement que la ligne conductrice est jusqu’-au-bouttiste : « Paca tcho
! » Ce slogan de la rue qui s’enflamme, n’est pas le mot d’ordre des
leaders, il s’impose à eux. Puisque le mouvement est hors contrôle,
personne, dans l’impuissance des principes démocratiques, ne peut fixer
la limite, à part le peuple lui-même révolté contre sa propre révolte,
conscient de la dangerosité du monstre qu’il a engendré.
En
anarchie, il est illusoire de trouver une porte de sortie honorable aux
multiples conflits qui s’agrègent, qui s’ajoutent les uns autres et
produisent inévitablement des drames. Le temps du bilan n’est pas encore
venu. L’analyse à chaud ne doit pas nous amener à des conclusions
définitives. Gardons-nous des jugements hâtifs et des condamnations
irrévocables ! Ne cherchons pas des bouc-émissaires aux exactions
commises ici et là, aux victimes collatérales et aux souffrances des
familles innocentes endeuillées.
Nos jeunes héros sont méritants,
leur cause est juste, leur combat est exemplaire, leur action est
porteuse d’espoir. C’est la forme de la grève, passée de « pacifique » à
« catastrophique », qu’il faut repenser et réorienter. Pourquoi ? Parce
que le mouvement est victime de son succès. Parce que nous sommes tous,
à des degrés divers, coupables de n’avoir pas prévu son issue et de
n’avoir pas su modérer le risque subversif par un encadrement bien
pensé, structuré dans la perspective d’un protocole conclusif. Ne
parlons pas encore d’échec, le mouvement a produit des résultats, c’est
la réussite que nous devons garder à l’esprit, une réussite qu’il s’agit
maintenant de transformer en succès. Cette victoire viendra de la
détermination, mais elle passe aussi par l’analyse coûts-avantages de la
poursuite de la grève. Or, dans ce domaine, tout le monde est d’accord
pour dire qu’à trop vouloir gagner, à n’importe quel prix, on risque de
tout perdre.
Qu’avons-nous à perdre dans un paradis transformé en
enfer ? Mayotte pourrait perdre non seulement son âme, mais aussi une
image de courage, de combattivité, reconnue par la presse nationale, une
image revêtue de l’emblème de l’équité et de la justice républicaine.
Notre département célébré pour son soulèvement, visible de par le monde
Après quatre semaines de manifestations programmées ou improvisées, les
héros d’hier n’ont plus voix au chapitre. La communication est
erratique. Entre rumeurs, menaces et délations, la parole ne vaut plus
grand-chose. La division s’est installée. En vérité, personne ne
maîtrise plus rien. Les protagonistes - Intersyndicale, Collectif des
Citoyens, Comité des maires, Parlementaires, Ministre, Gouvernement - se
sont neutralisés les uns les autres. Faute d’accord ordonné pour un
dialogue coordonné, tous les participants mandatés ont laissé un grand
vide. C’est ce vide justement qui explique l’anarchie, laquelle
s’auto-entretient, incapable, par nature, de satisfaire les aspirations
du peuple. L’anarchie ne réalise qu’elle-même, elle ne prend en
considération que sa propre existence, elle ne vante que sa capacité de
nuisance, elle est la substance du chaos, et le chaos son aliment. Il
est donc impératif de sortir d’une situation diabolique, par essence
improductive.
L’anarchie est transitoire, elle occupe une période
de doute et de confusion, elle n’a pas vocation à construire, elle a
pour fonction de préparer l’avènement de son principe fondateur et la
réalisation de sa finalité : la révolution qui accouche d’un objet, d’un
symbole, d’une personne, d’un système, la révolution source d’espérance
!
Cette révolution mahoraise qui se dessine dans la continuité de
la grève contre l’insécurité et les violences ne se gagnera pas dans les
barrages. Il faut donc lever les barrages et engager la discussion
révolutionnaire avec la Mission de haut niveau présente sur le
territoire.
Comment sortir de l’anarchie qui se nourrit du
fatalisme, obscurcie le ciel de Mayotte, obstrue le chemin de la
rédemption et nous ensauvage ? Comment sortir de l’insécurité et du
désespoir ? En permettant au processus révolutionnaire de se poursuivre,
d’aller à son terme, d’enfanter sa lumière : le projet de développement
de Mayotte, un nouveau Pacte avec la République fondateur d’un nouveau
projet de société.
Zaïdou BAMANA
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