Depuis 2005, le droit international prévoit l’usage de la force dans le cas d’une « responsabilité de protéger », sans, notez-le, qu’il faille démontrer que les troubles intérieurs dont les civils sont victimes constituent une menace sur la paix (chapitre VII). Cette responsabilité de protéger (R2P) doit cependant être entendue comme un droit, et non comme un devoir. Tout cela serait a priori acceptable. Mais, en pratique, les spécialistes du droit international ((lire notamment « Responsabilité de protéger et guerres « humanitaires » », de Nils Andersson et Daniel Lagot)) déplorent que ce droit de protéger soit à géométrie variable, c’est-à-dire utilisé uniquement quand les grandes puissances militaires ont un objectif stratégique. Plusieurs populations en souffrance sont ainsi totalement oubliées. Pire encore, il s’avère que les grandes puissances militaires font appel au droit de protéger alors qu’elles conduisent elles-mêmes, en sous-main, des attaques contre la population civile qu’elles prétendent défendre ! « Je te déstabilise, puis j’interviens militairement en t’imputant mes crimes. » Ainsi, et alors qu’il est notoire que la France soutient les combattants islamistes en Syrie, qu’elle les arme, qu’elle les assiste, qu’elle les encadre et qu’elle les coordonne, voilà maintenant qu’elle bombarde le gouvernement légitime Syrien qui aurait, supposément… attaqué des civils !
Certes, le secrétaire Macron (secrétaire de l’oligarchie…) n’a pas formellement activé la responsabilité de protéger dans le cas de la Syrie, puisque l’attaque française n’a pas de mandat onusien. Mais ce vernis « humanitaire » est bel et bien suggéré puisqu’il s’agirait, à en croire le narratif officiel, d’empêcher la Syrie de mener d’autres attaques chimiques.
Le peuple syrien et le droit international sont les grands perdants de cette abomination guerrière. Ajouter une couche de violence à une autre couche de violence démontre la faible imagination et le désarroi de l’oligarchie occidentale, décidément mauvaise perdante. Comme lors de la guerre du Vietnam, les populations défendent leur pays avec beaucoup plus de conviction et d’efficacité, que les intrus ne défendent leurs conquêtes et leurs prises de guerre. Daech est en déroute. L’oligarchie occidentale ayant échoué à s’emparer du jouet, veut-elle maintenant le casser ? Souhaitons que non et que la dissuasion russe joue à plein. Ce n-ième bombardement occidental offre d’ailleurs une belle publicité à l’armement russe ! Repousser une attaque de missiles US, c’est autre chose que de tirer sur des civils sans défense ! Suivez mon regard…