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Commentaire de Christian Labrune

sur Le Vatican par Christophe Dickès


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Christian Labrune Christian Labrune 24 avril 2018 13:29

Merci de votre avis circonstancié. Cependant pourriez-vous me dire si vous êtes croyant ?
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@Franck ABED
C’est une question que je ne me pose même pas. Je veux bien penser, dans les limites évidemment assez étriquées de l’organe qui peut me servir à ça, et j’ai même une certaine propension à aimer ces sortes d’exercices, mais croire, non : cela me demanderait trop d’efforts ; il faudrait dresser des échafaudages qui ne seraient même pas assurés de résister un seul instant au plus petites tempêtes du doute.

Je suis né dans le catholicisme ; j’ai même retrouvé naguère dans mes papiers un « certificat d’instruction religieuse » délivré par l’évêque de Bourges ! Mais je n’ai jamais pu prendre au sérieux les religions, même si les débats théologiques me passionnent. Je suis aussi naturellement athée que pourrait l’être un Chinois, tout en hésitant quelquefois à me définir comme tel, parce qu’il y a une croyance dans l’athéisme que je ne partage pas non plus. Je ne dirais pas pour autant que je suis agnostique. Je mets les choses au pire : Dieu existe, et il existe en père sévère et barbu tel que le montre la peinture chrétienne. Qu’est-ce que cela change ? Rien. Rien du tout. C’est son affaire, et tant pis pour lui ! Un peu comme Alfred de Vigny, je considère qu’il faut répondre « par un froid silence », au « silence éternel de la divinité ».

Je parlais des athées. Beaucoup paraissent avoir reçu la révélation que Dieu n’existe pas mais s’il leur apparaissait, il est probable que cela changerait tout et qu’ils se convertiraient sur le champ, parce que cela irait dans le sens de leur intérêt, d’où le lamentable argument du pari dans Pascal. Mais les grands mystiques, des gens comme Thérèse d’Avila ou Jean de la Croix, ont beaucoup médité sur cette question-là : faut-il être chrétien et se comporter comme tel parce qu’on veut avoir quelque chance de se retrouver à la fin in paradisum ? Il n’y faut pas penser, disent-ils, mais les moralistes du XVIIe siècle, tel La Rochefoucauld et même Pascal, qui ont médité sur les pièges de l’amour-propre, savent bien qu’on y pense encore lors même qu’on croit n’y penser plus du tout. Il était donc à peu près inévitable, du fait d’un plus grand raffinement de l’éthique au milieu de la période classique, que tout l’édifice de la mystique s’effondrât. Il ne resterait plus que des rites, et des calculs d’intérêt assez naïfs, dignes de la boutique, et fort éloignés d’une exigence authentiquement philosophique.

Il reste que c’était bien beau, le catholicisme. La pompe funèbre au temps de Louis-le-Grand, cela avait une autre gueule qu’une ridicule cérémonie au crématorium du Père-Lachaise ! Et les cathédrales ! Et les grandes orgues, et toute la musique sacrée, dont je ne me lasse pas ! Une société ne peut guère se passer des rites qui lui donnent une identité. Au fond, je dois être un peu confucianiste !


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