La résistance n’a de sens
que si elle a une visée d’efficacité de l’action sur l’état du monde.
La
rationalité de la résistance s’oppose à des formes de « suicide ».
La
résistance est un travail : il faut ruser et donc chercher, tester,
comment se battre contre la domination, y compris la domination
symbolique (Bourdieu).
Elle
est en principe la fonction de tout chercheur. Il y a quelque chose
dans la recherche qui est du côté de la résistance. L’image noble du
chercheur, celui qui s’oppose, qui critique ce qui se donne comme une
vérité. La résistance se teste, s’essaye… trouver la rhétorique,
l’astuce de l’intelligence qui permet de se faire comprendre. Une
stratégie de lutte.
[...] Travailler les
livres, apprendre les mots qui permettent de dire le monde autrement que
dans la pensée dominante.
...
Mais la résistance est d’abord et fondamentalement ce rapport à la vie
en soi et cette capacité à supporter d’être seul quand les autres
pensent le contraire de soi.
C’est seulement dans un deuxième temps que
se pose la question de l’efficacité et des voies de la subversion :
aller à la recherche de l’autre pour pouvoir constituer les bases et les
forces nécessaires à une action. Il y a à chercher les voies de la
résistance.
...
On n’est pas fabriqué par les autres, par la société. La résistance se
pose quand on est seul face à, voire contre, la pensée des autres. Même
les plus proches disent « arrête, tu vas perdre ton boulot ». Ils font
pression sur toi pour que tu t’écrases.
...
Et il faut tenir face à l’adversité, aux claques qu’on prend
quelquefois. C’est très dur. La question de la reconnaissance est
fondamentale ici, à nouveau. Pouvoir s’en passer un temps, sans pour
autant y renoncer pour toujours…