La
« crise des migrants » diminue actuellement en Europe, mais elle devrait
s’amplifier de manière dramatique dans les prochaines années. Les
gigantesques déplacements de population qui se préparent sont la
conséquence de l’exploitation économique actuelle de l’Afrique.
Concernant les flux migratoires vers l’Europe, le cas de l’Afrique
est emblématique. Elle est richissime de matières premières : or,
platine, diamants, uranium, coltan, cuivre, pétrole, gaz naturel, bois
précieux, cacao, café et de nombreuses autres.
Ces ressources, exploitées par le vieux colonialisme européen avec
des méthodes de type esclavagiste, se trouvent aujourd’hui exploitées
par le néocolonialisme européen s’appuyant sur des élites africaines au
pouvoir, une main d’œuvre locale à bas coût et un contrôle des marchés
intérieurs et internationaux.
Plus de cent compagnies cotées à la Bourse de Londres, britanniques
et autres, exploitent dans 37 pays de l’Afrique sub-saharienne des
ressources minières d’une valeur de plus de 1 000 milliards de dollars.
La France contrôle le système monétaire de 14 ex-colonies africaines
par le biais du Franc CFA (à l’origine acronyme de « Colonies Françaises
d’Afrique », recyclé en « Communauté Financière Africaine ») : pour
conserver la parité avec l’euro, les 14 pays africains doivent verser au
Trésor français la moitié de leurs réserves monétaires.
L’État libyen, qui voulait créer une monnaie africaine autonome, a
été démoli par la guerre en 2011. En Côte d’Ivoire (aire CFA), des
sociétés françaises contrôlent le gros de la commercialisation du cacao,
dont le pays est le premier producteur mondial : aux petits
cultivateurs restent à peine 5 % de la valeur du produit final, si bien
que la majeure partie vit dans la pauvreté. Ce ne sont que quelques
exemples de l’exploitation néo-coloniale du continent.
L’Afrique, présentée comme dépendante de l’aide extérieure, fournit à
l’extérieur un paiement net annuel d’environ 58 milliards de dollars.
Les conséquences sociales sont dévastatrices. En Afrique sub-saharienne,
où la population dépasse le milliard et se compose à 60 % d’enfants et
jeunes d’âge compris entre 0 et 24 ans, environ les deux tiers des
habitants vivent dans la pauvreté et, parmi ceux-ci, environ 40 %
—c’est-à-dire 400 millions— dans des conditions de pauvreté extrême.
La « crise des migrants » est en réalité la crise d’un système économique et social insoutenable.