à ’auteur,
Très bien foutu, votre article, et fort plaisant à lire, mais vous mettez sur le même plan les deux « philosophes ». Je mets le mot entre guillemets parce que la philosophie des Lumière, au ras des pâquerettes, n’a pas beaucoup de rapport avec l’idée que je me fais de cette discipline.
il y aurait donc là deux postulations politiques entre lesquelles il serait possible de balancer, comme entre la le progressisme et le conservatisme. Je n’en suis pas persuadé. La pensée de Rousseau est d’essence totalitaire, et le fonctionnement des systèmes les plus abominables du XXe siècle est la parfaite illustration de ce type d’orientation intellectuelle.
Considérez cette phrase du Discours sur l’inégalité :
« L’exemple des sauvages qu’on a presque tous trouvés à ce point [il parle de l’état de nature] semble confirmer que le genre humain était fait pour y rester toujours, que cet état est la véritable jeunesse du monde, et que tous les progrès ultérieurs ont été en apparence autant de pas vers la perfection de l’individu, et en effet vers la décrépitude de l’espèce. »
Qu’est-ce à dire ? Eh bien, que ce qui doit compter en politique, c’est l’espèce, et que l’état prime sur l’individu. Cette idée est longuement développée dans le Contrat social.
D’un point de vue philosophique, c’est d’une stupidité sans nom. L’humanité ne serait au fond qu’un bétail à faire croître et multiplier, au service et à la merci du Léviathan. Cette manière de penser, le communisme et le nazisme, par des moyens différents, se seront efforcés de la mettre en oeuvre.
Voltaire, lui, ne cherche pas à concevoir un système politique rigide et définitif, il ne vise jamais la perfection mortifère des utopies : le monde tel qu’il est, certes, ne va pas très bien, on peut et on doit le corriger, mais on ne pourra pas le refaire. Il n’y a rien dans ses conceptions qui puisse séduire des doctrinaires, des Robespierre, c’est-à-dire d’angéliques crapules.