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Commentaire de pessoa

sur RSA contre bénévolat : quand la vérité n'est plus « dans son droit » au quotidien « l'Alsace »


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pessoa 2 juillet 2018 23:50

@Blek

Bonjour,

Je ne veux pas échanger par invectives ou anathèmes, afin d’éviter l’écueil de « ne pas voir plus loin que le bout de [mon] clavier ».

Il ne s’agit là que d’énoncer les faits juridiques, et d’en apprécier la portée véritable. Je me concentre sur ce que je connais, c’est à dire le combat pour la dignité au travail. Quant aux discours incantatoires sur les abus ou la méritocratie sociale, il relève de logiques punitives et de condamnations morales hors de propos, car le droit ce n’est toujours et encore pas la morale. Il peut certes y avoir abus de droits sociaux par certains, mais il n’y a pas de droits sociaux abusifs en direction du malade, de l’accidenté du travail, de l’handicapé, du toxicomane, du chômeur non indemnisé (56 % des inscrits à Pôle-emploi), de la mère de famille isolée, du retraité paupérisé ou même de l’étranger en situation régulière.

Il faut dire que les amalgames prospèrent sur un redoutable fumier politique, notamment fondé sur l’individuation des causes et problématiques sociales (TON problème, TA responsabilité, TA situation particulière, en aucun cas celle de la société [qui n’existe pas, selon les néolibéraux] ou de l’ordre économique en vigueur [qui n’a pas d’alternative, selon les mêmes économistes]).

Le fait demeure pourtant que l’archétype du « travailleur honnête » que vous évoquez en défense et illustration, a des intérêts strictement convergents à ceux des plus modestes que lui. Si la France arbore fièrement ses droits sociaux comme étendard constitutionnel, ses gouvernements les bafouent quotidiennement dans une banale indifférence. Plus que jamais, le salarié, mal récompensé du produit de son travail, exclu du partage des richesses qu’il a contribué à produire, et aujourd’hui dépossédé de pans entiers de ses droits statutaires (ceux transcrits par le Code du travail), lesquels venaient « compenser » son état de subordination juridique et économique, face à l’employeur dont il dépend pour assurer sa conservation, a mille raisons de faire entendre sa colère et d’en appeler au changement.

Pour autant, des travailleurs appauvris, ou membres inquiets de la classe moyenne, se trompent de cible, et partant de colère, en convoitant absurdement la situation de ceux qui, parmi les siens, subissent déjà une triple éviction. Économique, professionnelle et sociale. Un sort fort peu enviable, à l’instar de celui que le droit romain réservait à l’endroit des citoyens maintenus en captivité par les ennemis de Rome : le « Capitis Diminutio Maxima », c’est à dire la mort civile, la privation générale de ses droits personnels, et pour finir, la réduction en esclavage. Esclave parce que vulnérable, et donc inapte à servir l’idéologie et la puissance romaine.

La question qui se pose vraiment à nous consiste donc à savoir si nous allons rester sans agir, dès lors que des ennemis résolus de toute société décente légitimeront par tout moyen la servilité par le travail. Nul doute que cette pitoyable tentative d’instauration d’un « bénévolat obligatoire » semble être la première salve projetée dans cette direction. Y aura-t-il pour autant une veillée d’armes pour assurer la défense inconditionnelle de nos droits sociaux ?

Cordialement.


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