Il est et sera toujours possible d’appeler un chat, « un chat ». Le mot « race » n’est occis — nous ne le pleurerons pas — que dans un texte de loi ; il est vrai, pas de n’importe lequel.
Il s’avère que ce texte est celui que nous choisissons de respecter pour sa vertu de rapprocher les hommes (dont, soyons justes, les femmes font partie, nommées pourtant selon leur sexe) et non pour les diviser. Gare donc aux amalgames et au dérives sémantiques !
Que l’on emploie le mot « race » à propos, si l’on ne peut faire autrement ; mais, les êtres humains ne sont pas des chiens… En tout cas ne sont pas censés l’être ! Que l’on se prive soi-même de cette conscience et, pardi, l’on ne mérite guère mieux qu’une meute :
« La race, c’est l’animalité. L’homme a fait des races animales, par un choix, par un massacre, par un parfait mépris des préférences (...). Nul homme n’a de race que l’adoration même de sa race, c’est-à-dire de son propre animal. Quand on dit que la race parle, on veut dire que l’inférieur parle, et que la force est considérée comme première valeur. »
Alain, Propos, 1933, p. 1152.
Car, tout d’abord, qu’est donc une constitution ? Pourquoi l’appelle-t-on seulement ainsi ? N’est-ce par elle que se constitue l’État ? Qu’au-delà du seul ethos suffisant à peine à distinguer une ethnie, s’exprime par la force de la Loi, une Idée nationale bien plus générale et généreuse ? Les Latins disaient « constitution » comme nous dirions « décret », « création ».
Notre texte est donc un décret solennel, le verbe créateur que se donnent des hommes et des femmes pour fonder une nation. Ce verbe fait-il écho à l’acte créateur fondamental d’engendrer qui les rapproche depuis la nuit des temps, en dépit de toutes les hypothèses racialistes ? Certes, mais il énonce aussi les principes sur lesquels pourront s’étayer les générations suivantes. Charge à elles, tantôt, de les adapter à leurs besoins et à leur Idée.
Et c’est là que « constitutio » rencontre « generatio », l’engeance, la famille, la descendance qu’on n’appela « rasse » , en ancien français, qu’à partir du XVe siècle.
Je vous enjoins d’abord de lire attentivement la définition étymologique qu’en donne le Trésor de la Langue Française :
http://www.cnrtl.fr/etymologie/race (on devrait commencer tout débat par une introduction étymologique).
Le siècle des « Lumières » — hélas — n’a pas été suivi que d’éclaircies : voilà un terme qui ne s’employait qu’en toute innocuité, devenu prétexte à classer entre eux les êtres humains selon tantôt l’admiration tantôt le dégoût qu’inspirent alors leurs origines, mais toujours d’abord selon l’intérêt que l’on a se proclamer seigneur et maître. N’est-ce alors l’apogée d’un esclavage multinational à l’horreur insoutenable, sinon à force de distinctions d’avec les millions de victimes dont on avaient proclamer que la race convenait à servir l’homme blanc (pour autant qu’il en fût). La Constitution d’alors abrite le Code noir tant voulu par Colbert pour Bourbons et Orléans.
Bientôt voici le XIXe S., bardé, en sus, de thèses racialistes toutes plus vantées les unes que les autres, et bien des fantaisies érigées en théories scientistes, cependant que se concoctent les grands racismes et charniers du XXe. La Constitution est alors défendue, âprement — et à quel prix — sur le Chemin des Dames, par la « force noire » voulue jusqu’au sang par Mangin et Nivelle pour la France et il sied à tous que les races subalternes existent pour périr en lieu et place des supérieures. Un sacrifice vite et fort opportunément oublié au XXIe s.
La preuve : il reste encore des relents de ces époques maudites dans les colonnes du « sérieux New York Times publié en mars dernier » publiant « le scientifique David Reich ( ça ne s’invente pas ! N.d.A ) , professeur de génétique à Harvard ».
Gageons, mais sans trop nous faire d’illusions, que les étudiants d’Harvard sauront mieux trier parmi les fadaises qu’il leur assène, que se distinguer leurs semblables.
Je veux bien qu’entre amis, l’on parle de notre race humaine ; mais alors de notre seule et unique espèce humaine, indivisible, lignée ininterrompue des homo sapiens ; c’est-à-dire, parbleu, absolument de tous, proches ou lointains, homo africanus.
Sapience fasse, puisque sapiens il y a, noblesse de discours et justesse de cœur…