Désolé si je touche à une icône. .. A l’opposé de ce qu’elle rapporte de son enfance, qu’elle juge malheureuse, et de cette « période de difficultés matérielles et de véritable »rationnement« ». Didier Pleux n’a pas non plus trouvé de trace d’une « fâcherie de quasiment huit années » avec sa mère Suzanne, que Dolto évoque dans ses récits.
Dans un autre registre, l’auteur rappelle un événement peu connu de la spécialiste : sous l’occupant nazi, elle a travaillé pour la fondation d’Alexis Carrel, un centre pétainiste recourant à des procédés eugénistes. Elle a également été en analyse chez René Laforgue, son mentor et psychanalyste dont l’objectif était d’implanter à Paris un centre de psychologie aryanisée (qui militait contre la « psychanalyse juive »). « Que s’est-il vraiment passé ? Ses accointances avec l’extrême droite méritent d’être étudiées par les historiens », souligne Didier Pleux, qui juge la femme très opportuniste. « D’abord femme de droite, elle se dira trotskyste à la Libération, puis prendra le vent de Mai 68. »
La mère Dolto, elle, se montre négligente, laissant par exemple son fils Carlos se mettre en danger. Le « fougueux » gamin deviendra artiste à l’âge adulte. « Que serait devenu Carlos s’il n’avait pas été intégré dans le bon réseau et épanoui sa liberté ailleurs qu’au Quartier Latin ? » s’interroge Didier Pleux. En clair, sa thèse est la suivante : les préceptes éducatifs développés par Françoise Dolto ne répondraient qu’à névroses et seraient le résultat d’une analyse ratée.
Françoise Dolto. La déraison pure, par Didier Pleux Editions Autrement, 192 p.
Dans Le Vif/L’Express de cette semaine, les extraits du livre :
Les traumatismes de Françoise Dolto Mère toxique ou itinéraire d’une enfant gâtée ? Françoise Dolto maman L’autorité de Boris Dolto Une lettre de juin 1940 Chez l’eugéniste Alexis-Carrel Psychanalyse avec René Laforgue Virage à 360 degrés Auto conditionnement d’une théorie Une psychanalyse ratée