Il n’ya pas de « crise migratoires », mais des
conséquences de guerres avec un air de déjà vu !
Si les deux guerres mondiales ont été
particulièrement meurtrières, elles ont surtout forcé des centaines de milliers
de personnes à fuir leur pays d’origine. Il y a un siècle à peine, les réfugiés
étaient des Européens. A cette époque, ils ont déjà souffert des stéréotypes et
préjugés, ont été mal accueillis et concentrés dans des centres pour migrants.
Ces Européens, à l’instar des réfugiés actuels, fuyaient la faim, la
persécution et la misère.
Parmi eux, il y avait des Belges. Lors
de l’invasion allemande de 1914, un Belge sur cinq a décidé décide de quitter
le pays. Cela s’est traduit en centaines de milliers (voire plus d’un million
selon certaines sources) de Belges déracinés. Si les Francophones pouvaient
facilement communiquer avec leurs voisins français, les Flamands atterrissaient
dans un pays dont ils connaissent mal la langue, ce qui freinait leur
intégration et les empêchait souvent de trouver un travail. Au début, ces
réfugiés belges ont été accueillis en héros par les Français. Mais plus la
guerre a duré, plus les tensions se sont cristallisées : ils seront
bientôt taxés de profiteurs et de charge pour le pays, car, les Belges qui fuyaient
la guerre recevaient des aides de l’état français équivalentes à ce que percevait
la femme d’un poilu combattant. D’ailleurs, le célèbre Hercule Poirot d’Agatha
Christie n’est pas Belge par hasard : la romancière s’est inspirée des
ressortissants belges qui ont fui l’invasion allemande en 1914 et que
l’Angleterre a accueillis sur son territoire à cette époque.
Mais la Belgique n’est qu’un exemple (peu connu). On
pourrait évoquer les déplacements de populations spontanés ou organisés en
Pologne, en Turquie, en Grèce, à Chypre, dans l’ex Yougoslavie en Espagne et en
Italie pour les mêmes raisons qui sont celles qui amènent aujourd’hui des états
à refuser ou accepter d’assumer les conséquences des décisions de leurs chefs
de provoquer des cataclysmes humains déclenchant ces déracinements.
La guerre de Libye a été la plus spectaculaire opération
de ce type. Aucune « cris » là-dedans, mais des stratégies de
conquêtes et de domination au profit de grands groupes financiaro-industriels.
La démogaphie est une outil d’analyse des faits, pas une boussoles pour
comprendre les migrations.